Jacques Chirac obituary

Figure dominante de la politique française pendant quatre décennies, Jacques Chirac, décédé à l’âge de 86 ans, est devenu président de la France en 1995 à sa troisième tentative. Il était le cinquième occupant de ce poste sous la Cinquième République. Auparavant, il avait été maire de Paris et deux fois Premier ministre. Pourtant, lorsqu’il a finalement accédé à la présidence, il s’est avéré avoir peu de vision ou de détermination particulière, compte tenu des opportunités que les électeurs lui avaient enfin accordées. Il avait fait campagne sur la fracture sociale, mais n’a rien fait, ou presque, pour la combler. Il y a eu quelques points positifs, notamment son opposition ostensible à la guerre en Irak, l’amélioration de la sécurité routière et la réforme du service militaire, mais à la fin de ses 12 années à l’Élysée (pendant son mandat présidentiel, le mandat est passé de sept à cinq ans), il était difficile d’indiquer des réformes majeures à une société qui en avait grandement besoin.

Il semblait n’avoir ni la volonté ni l’imagination pour affronter les problèmes de la France, notamment ceux posés par des intérêts particuliers puissants et inamovibles et par les finances publiques. Sa carrière s’achève sous un nuage lorsque, son immunité présidentielle étant levée, un tribunal le condamne pour corruption pendant ses années de maire de Paris – lorsque, entre autres, ses collaborateurs ont utilisé des fonds publics pour employer des membres de son propre parti politique à des emplois fictifs. Alors fragile et souffrant de problèmes de mémoire, il n’était pas présent au tribunal pour entendre la condamnation à deux ans de prison avec sursis qui lui a été infligée en 2011.

Chirac prétendait être l’héritier politique de Charles de Gaulle, qui a créé la Cinquième République, mais ses positions étaient si variables et incohérentes qu’il aurait pu prétendre suivre les traces de presque n’importe quelle figure de l’après-guerre. Sa première présidence est entachée d’une blessure qu’il s’est lui-même infligée. Deux ans après son élection, bien que ses alliés conservateurs disposent d’une majorité parlementaire, il déclenche des élections générales inutiles, que le parti socialiste et ses alliés remportent. Il y avait eu d’autres cas de cohabitation (situation dans laquelle le président et le premier ministre, et donc le gouvernement, sont issus de familles politiques différentes), mais ils n’avaient jamais duré plus de deux ans. Chirac était coincé avec le socialiste Lionel Jospin, qu’il avait battu à la présidence en 1995, comme Premier ministre pour cinq ans.

Lionel Jospin, à gauche, et Jacques Chirac écoutant une question lors d'une conférence de presse à la fin d'un sommet franco-allemand à Potsdam.
Lionel Jospin, à gauche, et Jacques Chirac écoutant une question lors d’une conférence de presse à la fin d’un sommet franco-allemand à Potsdam. Photo : Jan Bauer/AP

Ses détracteurs le considéraient comme un opportuniste sans scrupules et cupide, habile dans les arts politiques du clientélisme et de la trahison mais dépourvu de réelle conviction et indécis au gouvernement. Pourtant, même ses ennemis politiques ont eu du mal à détester l’affable Chirac, avec son appétit gargantuesque pour la bière mexicaine et les sandwichs aux rillettes (porc), et sa condamnation a suscité peu de schadenfreude. Ses défenseurs ont souligné son intelligence, son énergie et sa capacité d’adaptation, ainsi qu’une chaleur humaine authentique, une générosité et une diversité culturelle que 40 ans dans la jungle politique n’ont pas réussi à éteindre. S’il n’a pas égalé l’œuvre pharaonique de François Mitterrand, il laisse au moins un monument, le musée du Quai Branly à Paris, consacré aux arts et à la culture indigènes des civilisations non-européennes.

Chirac était capable d’actes de grande grâce, comme en témoignent ce qui fut peut-être l’heure de gloire de sa présidence – son aveu de la responsabilité de l’État français dans les années 1940-44 de Vichy, si longtemps et si honteusement niée – et l’hommage émouvant et généreux qu’il rendit à Mitterrand à la mort de ce dernier en 1996. Contrairement à certains de ses alliés politiques, il n’aurait pas eu maille à partir avec le Front national d’extrême droite, bien que son leader, Jean-Marie Le Pen, ait affirmé, non sans conviction, que Chirac lui avait un jour demandé son soutien.

Cependant, rares sont les observateurs impartiaux qui ne concluent pas que, pendant ses 18 années de maire de Paris, Chirac a participé volontairement et activement à un système de corruption qui a atteint des proportions héroïques. Son manque de loyauté était légendaire. S’il était loin d’être réflexivement anti-américain, son rêve d’un monde multipolaire l’a conduit à cultiver des amitiés avec Vladimir Poutine, Saddam Hussein et un assortiment de tyrans africains généreux.

Fils de Marie-Louise (née Valette) et d’Abel-François, Chirac est né à Paris. Sa famille avait des racines rurales dans la région centrale française du Limousin, et son grand-père avait été enseignant dans le département de la Corrèze. Chirac a toujours entretenu les liens ruraux de sa famille ; les agriculteurs faisaient partie de son électorat naturel. Ces racines n’étaient cependant pas particulièrement profondes ; son père était cadre dans une compagnie d’aviation.

Après des études secondaires à Paris, Chirac a suivi l’une des voies rapides classiques de l’élite : Sciences Po (l’Institut d’Études Politiques de Paris), puis l’École Nationale d’Administration et la Cour des Comptes. Il trouve le temps de suivre un cours d’été à Harvard. Le service militaire, qu’il apprécie, le conduit en Algérie. Il est officier de cavalerie et partisan passionné de l' »Algérie française ».

Au début des années 1960, le jeune Chirac, plein d’énergie, attire l’attention de Georges Pompidou, le Premier ministre de De Gaulle. Il devient membre du cabinet de Pompidou et une sorte de protégé de ce premier ministre rondouillard et mondain qui était à bien des égards l’opposé de De Gaulle. C’est de cette période que daterait son surnom de « bulldozer », en hommage à son énergie inépuisable. Pompidou encourage le jeune Chirac à ajouter une dimension politique à ses activités technocratiques, et il est dûment élu conseiller municipal à Sainte-Féréole, en Corrèze, en 1965. Il remporte un siège parlementaire dans la ville voisine d’Ussel en 1967 et l’occupe pendant les 25 années suivantes.

Jacques Chirac accueilli par des partisans à Ussel, où il a remporté son premier siège parlementaire en 1967.
Jacques Chirac accueilli par des partisans à Ussel, où il a remporté son premier siège parlementaire en 1967. Photo : Philippe Wojazer/Reuters

Sa carrière gouvernementale débute lorsque Pompidou le nomme ministre délégué aux affaires sociales en 1967. L’année suivante est marquée par les troubles civils des événements de mai et juin, et Chirac est étroitement impliqué dans les négociations qui ont permis à la France de reprendre le travail ; la légende veut qu’à une occasion, il ait assisté à une réunion critique avec une arme dissimulée sur lui. En 1969, De Gaulle démissionne après avoir perdu un référendum inutile, et Pompidou devient président. La carrière de Chirac s’épanouit : les postes de rang moyen sont suivis d’un passage au ministère de l’agriculture, où il s’impose comme l’ami et le défenseur du paysan, puis au ministère de l’intérieur.

En 1974, Pompidou meurt d’une maladie douloureuse et persistante qui avait été cachée au public. Le candidat évident pour lui succéder à la présidence était le Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, réformateur, héros de la résistance et authentique gaulliste. Dans le premier d’une longue série de coups de théâtre, arguant que Chaban-Delmas ne pouvait pas battre Mitterrand, Chirac a conduit un groupe de 43 députés gaullistes dans le camp de Valéry Giscard d’Estaing, champion des centristes et de la droite libre-échangiste et non-gaulliste.

Giscard a éliminé Chaban au premier tour du scrutin et a battu de justesse Mitterrand au second. Chirac est récompensé par le poste de premier ministre. La relation ne dure pas longtemps ; Giscard n’a pas l’intention d' »inaugurer des chrysanthèmes », comme l’a dit un jour De Gaulle, tandis que Chirac dirige la politique. Le président fait passer une série ambitieuse de réformes sociales et économiques, qui ne sont pas toutes du goût de ses alliés politiques, et deux ans après sa nomination, Chirac démissionne brusquement, affirmant qu’on ne lui donne pas les moyens de mener à bien sa tâche.

À la fin de 1976, il fonde le Rassemblement pour la République (RPR) – souvent décrit comme néo-gaulliste, bien que le général aurait probablement été étonné par certaines de ses positions – transformant le mouvement gaulliste à la dérive et divisé en une machine à servir l’ambition personnelle qui le propulserait à l’Élysée. Il prétendait également défendre les valeurs conservatrices gaullistes, nationalistes et populaires contre la prétendue politique europhile et libérale de Giscard. L’année suivante, Chirac remporte un nouveau succès en écartant le candidat de Giscard pour devenir maire de Paris – poste rétabli après plus d’un siècle de suspension.

Avec le RPR à sa disposition – au fil des ans, il va repousser les tentatives des gaullistes plus authentiques que lui de le lui arracher – et une base de pouvoir à la mairie de Paris, il reprend sa marche vers l’Élysée. En 1981, il se présente pour la première fois à l’élection présidentielle. Il est facilement battu par Mitterrand et Giscard au premier tour, mais la droite est divisée et Chirac soutient Giscard au dernier tour avec un manque d’enthousiasme si évident que nombre de ses partisans s’abstiennent ou votent pour la gauche, et Giscard est battu. Mitterrand convoqua des élections générales, qui furent remportées par les socialistes et leurs alliés.

Au cours des années suivantes, les divisions entre la mairie de Paris et le RPR devinrent de plus en plus floues à mesure que Chirac poursuivait ses ambitions. En 1986, le retour du balancier politique ramène la droite au pouvoir à l’assemblée nationale et, pour la deuxième fois, Chirac devient Premier ministre : c’est la première cohabitation. Le nouveau premier ministre n’est pas à la hauteur de l’habileté de Mitterrand, qui le dépasse facilement. En 1988, Mitterrand et Chirac s’affrontent au dernier tour de l’élection présidentielle et Mitterrand l’emporte facilement, convoquant des élections législatives, remportées par la gauche.

Jacques Chirac et François Mitterrand participant à un sommet européen à La Haye.
Jacques Chirac et François Mitterrand participant à un sommet européen à La Haye. Photo : Thierry Orban/Getty Images

Cinq ans plus tard, la droite remporte à nouveau une élection générale. Après son expérience du milieu des années 1980, Jacques Chirac n’a pas l’intention de passer deux années supplémentaires à se battre avec Mitterrand ; son « ami de 30 ans », Édouard Balladur, fastidieux et distant, est nommé Premier ministre à sa place. Il était clairement entendu, du moins pour Chirac, que Balladur était un simple lieutenant et que le grand s’avancerait lorsque le second septennat de Mitterrand prendrait fin et que de nouvelles élections présidentielles auraient lieu. Ce fut encore une erreur de calcul ; il ne fallut que très peu de temps à Balladur pour découvrir qu’il aimerait lui aussi être président.

Au début de 1995, Balladur était largement en tête dans les sondages d’opinion et de nombreux partisans principaux de Chirac lui avaient apporté leur soutien, y compris le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, éventuellement le successeur hyperactif de Chirac, qu’il en vint à détester. Mais Chirac, un militant bien meilleur et plus expérimenté, a découvert la fracture sociale qui était apparue à la plupart des observateurs de la France depuis un certain temps. Arguant de la nécessité de rassembler une société divisée, il s’attire le soutien de nombreux jeunes électeurs et, au premier tour, tout en terminant derrière Jospin, il bat Balladur. Il a battu Jospin de justesse au second tour.

La tentation pour un président nouvellement élu est de convoquer immédiatement des élections générales, en calculant que les électeurs lui donneront une assemblée nationale sympathique. Chirac ne l’a pas fait, estimant que l’assemblée existante avait trois ans à courir. Alain Juppé, ancien ministre des affaires étrangères et fidèle de longue date de Chirac, est nommé Premier ministre. Diverses politiques quasi-gaullistes, comme les essais nucléaires dans le Pacifique Sud, sont reprises. Mais des politiques intérieures impopulaires et des niveaux élevés de chômage ont entraîné des grèves généralisées au cours de l’hiver 1995, Juppé est devenu extrêmement impopulaire et en 1997, au lieu de le limoger, Chirac a convoqué des élections générales, que la droite a perdues. Jospin devient premier ministre.

Après la réélection de Chirac en 2002, une élection générale ramène la droite au pouvoir à l’assemblée nationale. Ses réserves sur la guerre en Irak lui ont valu des applaudissements dans son pays et à l’étranger, mais il a subi un revers majeur lorsqu’en 2005 les électeurs ont ignoré son soutien au projet de constitution de l’Union européenne, qui a été résolument rejeté par référendum par l’électorat. Le premier ministre grand-père et archétypiquement provincial, Jean-Pierre Raffarin, a été remplacé par le ministre patricien des affaires étrangères, Dominique de Villepin, dont le discours à l’ONU contre la guerre en Irak avait été largement salué. Mais les plans visant à offrir aux jeunes travailleurs des salaires plus bas pour lutter contre le chômage des jeunes ont suscité une vive opposition et ont dû être retirés, tandis que la mort de deux jeunes hommes d’origine immigrée dans un lotissement de la banlieue parisienne après une poursuite policière a déclenché des émeutes dans tout le pays, donnant à Sarkozy l’occasion d’afficher sa ligne dure.

La santé de Chirac s’est détériorée. Il commence à porter un appareil auditif discret et, en 2005, il est victime d’une légère attaque. De plus en plus, il semble n’être guère plus qu’un spectateur de la vicieuse querelle Villepin-Sarkozy, et se retire en 2007. En 2012, Chirac fait clairement savoir qu’il votera pour François Hollande, le challenger socialiste et vainqueur final, plutôt que pour Sarkozy.

Jacques Chirac prononçant un discours pendant que sa femme, Bernadette, l'écoute, à la mairie de Saint-Quentin, mars 2002.
Jacques Chirac prononçant un discours pendant que sa femme, Bernadette, l’écoute, à la mairie de Saint-Quentin, mars 2002. Photographie : Philippe Wojazer/Reuters

En 1956, Chirac avait épousé Bernadette Chodron de Courcel, fille d’une grande et riche famille gaulliste. Elle avait une volonté de fer, était une catholique fervente et un produit de la haute bourgeoisie. Elle a fait sa propre carrière politique en Corrèze et, à la fin de la présidence de Jacques Chirac, elle est sortie de son ombre pour devenir une personnalité politique à part entière. Ils ont eu deux filles, Laurence et Claude, cette dernière étant devenue la proche conseillère de Chirac et une figure puissante de sa cour intérieure.

Le mariage a duré mais a connu de nombreuses vicissitudes. Chirac était sériellement infidèle, comme l’a reconnu Bernadette ; son chauffeur a raconté que ses rencontres amoureuses étaient plus remarquables par leur rapidité et leur fréquence que par leur intensité.

Il laisse derrière lui Bernadette et Claude. Laurence est décédée en 2016.

– Jacques René Chirac, homme d’État, né le 29 novembre 1932 ; mort le 26 septembre 2019

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