La pratique collaborative ou indépendante est une autre étape importante du continuum de contrôle des élèves. Nous donnons aux élèves la chance d’appliquer ce que nous avons enseigné dans un texte qu’ils lisent ou regardent par eux-mêmes. Notre objectif est qu’au fil du temps, et avec de nombreuses occasions de pratiquer, les enfants utilisent toutes les stratégies que nous leur avons enseignées de façon transparente, selon leurs besoins, pour les aider à comprendre tout ce qu’ils lisent et à tout moment.

Collaboratif ou indépendant ?

Les enseignants doivent décider si les enfants travailleront à deux ou seuls. Voici quelques-unes des raisons pour lesquelles nous faisons travailler les élèves en binôme :

• Lorsque certains enfants ont besoin de soutien pour lire le texte. En binôme, ils peuvent obtenir l’aide de leurs pairs. Il est parfois nécessaire d’utiliser un texte que certains enfants ne peuvent pas lire de façon autonome afin de vraiment appliquer la stratégie.
• Lorsque nous pensons que les enfants exploreront la stratégie de façon plus complète s’ils travaillent avec un partenaire. Articuler leur pensée à quelqu’un d’autre les aide souvent à comprendre ce qu’ils pensent.
• Pour la motivation. Parfois, les enfants sont capables de mieux maintenir leur concentration lorsque la lecture et la réflexion impliquent une interaction sociale.
• Pour des raisons pratiques, comme la disponibilité de plusieurs textes, ou le fait de permettre à l’enseignant de passer plus de temps avec un ensemble de partenaires que ce qui est possible avec chaque enfant individuellement.

Il est important de noter que l’aide au décodage du texte n’est pas la seule raison de la collaboration. Nous avons été témoins à plusieurs reprises de la façon dont la pensée des enfants peut être plus profonde parce qu’ils en parlent, et pas seulement parce qu’ils écrivent ou dessinent par eux-mêmes.

À l’inverse, voici quelques raisons de choisir la pratique indépendante :

• Lorsque la tâche est plus appropriée au travail indépendant.
• Lorsque les enfants ont eu plusieurs expériences avec la stratégie et que nous voulons les pousser à travailler seuls.
• Lorsque nous voulons évaluer ce que chaque enfant fait de manière indépendante.

Nous pouvons aussi parfois laisser aux enfants la décision de travailler individuellement ou avec un partenaire. Les enfants ont souvent des préférences quant au travail seul ou avec d’autres, et cela varie non seulement avec l’enfant mais aussi avec le type de texte et de stratégie. Dans l’un des exemples de leçons, vous verrez que l’enseignant de première année avait initialement prévu que les élèves travaillent ensemble. Mais les enfants étaient tellement intrigués par l’assortiment de livres sur les animaux que Mme Blackwell avait accumulé que la plupart d’entre eux voulaient leur propre livre. L’enseignante a sagement laissé cette décision aux enfants.

Choisir le texte

Une autre décision importante pour la pratique indépendante concerne le texte que les enfants utiliseront. Voici quelques options :

• Continuer avec le texte commencé lors de la lecture à voix haute interactive. Avec les élèves de la maternelle, ou au début de l’enseignement de toute stratégie aux élèves du primaire, c’est parfois la meilleure option. La pratique indépendante devient un moyen pour les enfants de rassembler ce qu’ils ont appris et de l’articuler plus complètement en écrivant ou en dessinant. En apprenant à ses élèves de première année à distinguer les détails intéressants des informations importantes dans la leçon type Déterminer l’importance, Mme Blackwell prévoit que les enfants ne seront pas prêts, après une leçon, à transférer leur réflexion à un autre texte. Elle reste donc avec le même texte pour la pratique indépendante.
• En matière de non-fiction, nous donnons parfois aux enfants des sections que nous n’avons pas lues à haute voix du même texte de la lecture à haute voix interactive. Les livres avec des titres clairs délimitant les sous-thèmes sont parfaits pour cette approche. Les enfants de maternelle peuvent interagir avec une nouvelle page d’un livre traitant d’un animal spécifique, d’un type de temps ou d’un habitat. Comme les enfants ont déjà acquis des connaissances de base non seulement sur le sujet mais aussi sur la structure du texte et les caractéristiques du livre, il est plus simple pour eux de transférer leur utilisation des stratégies à de nouvelles pages du même texte qu’à un livre entièrement différent.
• Donner aux élèves des choix de textes. Cette approche est adoptée dans plusieurs des exemples de leçons. Le choix est un puissant facteur de motivation et de soutien pour les enfants. Cette motivation contribue grandement à soutenir leur intérêt et leur attention lorsqu’ils travaillent seuls. Souvent, lorsque la leçon s’inscrit dans une unité d’étude sur un sujet particulier, les enfants font des choix dans le cadre de ce sujet. Ils sont donc en mesure de partager entre eux des connaissances qui contribuent à l’approfondissement de la compréhension du sujet par l’ensemble de la classe.

Conférer

Pendant la pratique indépendante ou collaborative, le rôle principal de l’enseignant est de conférer avec les élèves. Ces conférences – de courtes interactions que nous avons avec des enfants individuels ou des partenaires pendant qu’ils travaillent – jouent un rôle important pour aider les élèves à réussir. Des conférences très brèves ont lieu à tous les stades de la leçon à déblocage progressif ; chaque fois que les enfants se tournent et parlent, l’enseignant circule, écoute et pose des questions. Mais c’est au cours de la pratique indépendante ou collaborative que nous avons les plus grandes opportunités de conférer.

Apprendre à bien conférer est l’une des parties les plus difficiles de l’enseignement d’une leçon de compréhension. Les Think-alouds peuvent être préparés à l’avance (espérons qu’ils le soient !), mais les conférences doivent être imaginées à la volée, en fonction de ce que l’enseignant voit et entend des élèves. Les conférences doivent être courtes et l’enseignant balaie simultanément la salle pour s’assurer que tous les enfants sont impliqués tout en se concentrant sur un ou deux dans une conférence.

Le but principal de la conférence est de fournir un soutien différencié à chaque élève pour répondre à leurs besoins spécifiques. C’est notre meilleur moment pour vraiment enseigner – lorsque nous voyons ce qu’un enfant individuel fait et pense, et que nous pouvons affiner ce qui fera progresser cet enfant. En outre, les conférences nous aident à évaluer de manière informelle afin de savoir comment construire les leçons futures, avec la classe entière, les petits groupes ou les enfants individuels.

La grande question que nous voulons garder à l’esprit concernant les conférences est la suivante : comment nos interactions avec les enfants les aident-elles à progresser vers l’autonomie ? Nous ne pouvons pas nous assurer qu’ils comprennent parfaitement chaque phrase d’un texte, ou qu’ils corrigent l’orthographe et la ponctuation, et ce ne sont pas nos objectifs dans la conférence. Nous cherchons plutôt à renforcer ou à consolider l’utilisation indépendante de stratégies par les enfants pour améliorer leur compréhension pendant la lecture. Nous essayons donc de formuler nos conférences de manière à leur laisser des actions qu’ils peuvent prendre non seulement en référence au texte et au devoir spécifique, mais aussi pour les futurs.

Nous le faisons en écoutant et en parlant avec l’enfant et en regardant son travail en cours. Nous recherchons leurs points forts, en les aidant à prendre conscience des mouvements stratégiques qu’ils font afin qu’ils les répètent dans d’autres textes. Nous enseignons en fonction des approximations de l’enfant ou de ce qu’il semble prêt à faire ensuite. En tant qu’enseignants, nous sommes parfois tellement à l’écoute des déficiences des élèves que nous devons nous réapprendre à remarquer réellement leurs forces émergentes et à les exploiter !

Dans chaque leçon type, vous verrez une grande variété dans la compréhension des enfants de la façon d’utiliser la stratégie lorsqu’ils travaillent seuls. Dans la leçon sur la déduction, par exemple, certains enfants avaient besoin d’aide pour comprendre comment faire une déduction, tandis que d’autres passaient de la déduction d’une ligne spécifique d’un poème à la déduction des grandes idées du poème dans son ensemble. Nous n’attendons pas de chaque enfant qu’il ait le même niveau de compétence à la fin d’une seule leçon. Au lieu de cela, nous prenons des notes sur ce qu’ils sont capables de faire et utilisons ce que nous apprenons pour planifier la suite de l’enseignement.

Le langage que nous utilisons avec les enfants lorsque nous nous concertons fait une énorme différence. Comme dans toutes nos interactions tout au long de la leçon, nous voulons que les conférences soient conversationnelles et de soutien, et non évaluatives et de jugement. Nous honorons la pensée des enfants tout en les aidant à la faire progresser. Dans les questions à considérer pour les segments de pratique indépendante ou collaborative de chaque leçon type, nous proposons différentes façons d’examiner le langage que les enseignants utilisent lorsqu’ils discutent avec les enfants. Le processus d’analyse de ce langage nous aide à examiner notre propre langage de plus près et à travailler pour le rendre plus précis et plus intentionnel.

Voir le module d’évaluation pour en savoir plus sur la conférence.