Césaropapisme

Le césaropapisme est l’idée de combiner le pouvoir du gouvernement séculier avec l’autorité spirituelle de l’Église chrétienne, ou de le rendre supérieur à celle-ci ; notamment en ce qui concerne le lien de l’Église chrétienne avec le gouvernement. Dans sa forme extrême, c’est une théorie politique dans laquelle le chef de l’État, notamment l’empereur (« César », par extension un roi « égal »), est aussi le chef suprême de l’Église (« papa », pape ou chef religieux analogue). Sous cette forme, elle inverse la théocratie dans laquelle les institutions de l’Église contrôlent l’État.

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Le terme est tout aussi applicable à des rapports similaires entre le pouvoir séculier et le pouvoir religieux lorsque les titres de l’un ou des deux titulaires de fonctions sont différents, et même à une échelle plus petite que l’église universelle, et est même utilisé lorsque le contrôle est moins que total. Ainsi, les rois de France sont un bon exemple d’une monarchie catholique non impériale qui a plutôt bien réussi à obtenir un grand droit de regard sur l’église française (comme les prélatures commendataires) et à avoir accès à des revenus importants provenant des biens de l’église ; pendant et autour de l' »exil babylonien » de la papauté en Avignon, ils ont même eu la main lourde sur la papauté en tant que telle ; et certains aspects du gallicanisme reflètent le désir de donner même à la liturgie (même lorsque le latin était la seule langue pour les rites de l’église) une saveur française distinctive.

Après l’introduction du protestantisme, l’immense fermentation provoquée par l’introduction de principes socialement subversifs dans la vie d’un peuple allait épuiser ses débuts révolutionnaires, et aboutir à une nouvelle forme d’ordre social et religieux – le résidu du grand bouleversement protestant en Europe était la Religion territoriale ou d’État, fondée sur la suprématie religieuse du souverain temporel, en contradiction avec l’ancien ordre dans lequel le souverain temporel prêtait serment d’obéissance à l’Église catholique.

Les premières tentatives réformatrices de Martin Luther étaient radicalement démocratiques. Il cherchait à profiter au peuple dans son ensemble en réduisant les pouvoirs de l’Église et de l’État. Les princes allemands, à ses yeux, étaient « généralement les plus grands imbéciles ou les pires crapules de la terre. » En 1523, il écrit : « Le peuple ne veut pas, ne peut pas, ne doit pas supporter plus longtemps votre tyrannie et votre oppression. Le monde n’est plus ce qu’il était autrefois, lorsque vous pouviez chasser et conduire le peuple comme du gibier. » Ce manifeste, adressé aux masses les plus pauvres, fut repris par Franz von Sickingen, un chevalier de l’Empire, qui entra sur le terrain en exécution de ses menaces. Son but était double : renforcer le pouvoir politique des chevaliers – la noblesse inférieure – contre les princes, et ouvrir la voie au nouvel Évangile en renversant les évêques, mais son entreprise eut le résultat inverse : les chevaliers furent battus, perdirent l’influence qu’ils avaient eue, et les princes furent proportionnellement renforcés. Le soulèvement des paysans tourna également à l’avantage des princes : l’effroyable massacre de Frankenhausen (1525) laissa les princes sans ennemi et le nouvel Évangile sans ses défenseurs naturels. Les princes victorieux utilisèrent leur pouvoir accru entièrement à leur propre avantage en opposition à l’autorité de l’empereur et à la liberté de la nation.

Le césaropapisme dans l’Église d’Orient

La signification principale du césaropapisme est l’autorité que les empereurs byzantins avaient sur l’Église chrétienne d’Orient des années 500 au dixième siècle. L’empereur byzantin protégeait généralement l’Église d’Orient et gérait son administration en présidant des conciles, en nommant des patriarches et en fixant les limites territoriales de leur juridiction. L’empereur, dont le contrôle était si fort que le « césaropapisme » est devenu interchangeable avec le « byzantinisme », était appelé pontifex maximus, ce qui signifie « grand prêtre », et le patriarche de Constantinople ne pouvait exercer ses fonctions sans l’approbation de l’empereur. Des hommes de l’Est comme saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, et saint Athanase, patriarche d’Alexandrie, s’opposaient fermement au contrôle impérial sur l’Église, tout comme des théologiens occidentaux tels que saint Hilaire et Hosius, évêque de Cardoue. Des empereurs comme Basilic, Zénon, Justinien, Héraclius et Constance II publièrent plusieurs édits strictement ecclésiastiques, soit de leur propre chef sans la médiation des conseils ecclésiastiques, soit en exerçant leur propre influence politique sur les conseils pour qu’ils publient ces édits. Le césaropapisme a été le plus notoire en Russie lorsqu’Ivan le Terrible a pris le titre de tsar en 1547 et a subordonné l’Église orthodoxe russe à l’État. Ce niveau de césaropapisme dépassait de loin celui de l’Empire byzantin. Le césaropapisme a existé dans l’Église orthodoxe en Turquie jusqu’en 1923 et à Chypre jusqu’en 1977, date à laquelle l’archevêque Makrios III est décédé. Cependant, le césaropapisme ne fait en aucun cas partie du dogme orthodoxe. La réalité historique, par opposition à l’approbation doctrinale ou à la définition dogmatique, du césaropapisme découle, selon le métropolite Kallistos Ware, de la confusion de l’Empire byzantin avec le Royaume de Dieu et du zèle des Byzantins  » à établir ici-bas une icône vivante du gouvernement de Dieu au ciel. »

Source

  • Caesaropapisme sur Wikipédia

Ouvrages publiés

  • Deno J. Geanakoplos. L’Église et l’État dans l’Empire byzantin : Une reconsidération du problème du césaropapisme. Histoire de l’Église. Vol. 34, n° 4 (déc., 1965), pp.381-403.
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