Note de la rédaction
Ceci est la deuxième partie d’une série de trois chroniques des Barmans concernant l’utilisation de métaphores cliniques dans le traitement des troubles anxieux.
Cliquez ici pour lire la première partie.
Les métaphores peuvent souvent servir de pont entre notre monde concret, et des constructions plus abstraites, comme l’émotion de l’anxiété.
Nous faisons souvent référence à ceux qui souffrent de troubles anxieux comme, des penseurs « et si », qui se comportent dans des scénarios « juste au cas où ». Elles ont tendance à surestimer la probabilité de la menace et le niveau de gravité qui lui est associé.
Ces personnes sous-estiment également leur capacité PERÇUE à faire face au danger, s’il se matérialise. L’utilisation de métaphores représente une méthode pratique pour aider à mieux comprendre un concept clé qui se trouve au cœur de l’excitation anxieuse – l’évaluation de la menace.
MENACE PERÇUE
Ce qui est perçu par une personne comme une menace, peut être considéré par une autre comme un défi. Les métaphores liées à la manière dont une personne en vient à considérer une expérience de vie comme menaçante, ainsi que sa capacité perçue à faire face à la menace, peuvent être un moyen efficace de générer des schémas de pensée alternatifs, en particulier lorsqu’ils entraînent une appréhension anxieuse.
Regardons quelques métaphores cliniques que nous utilisons souvent dans le cadre de notre pratique clinique. Certains de ces exemples ciblent l’anxiété en général, tandis que d’autres sont mieux utilisés pour aborder des conditions d’anxiété spécifiques :
1. Métaphore du stagiaire du trafic aérien (pour l’inquiétude chronique)
Lors de l’utilisation de cette métaphore, on demande au patient d’imaginer qu’il travaille sur un simulateur de vol, alors que deux avions sur l’écran se déplacent rapidement à proximité l’un de l’autre.
La probabilité de menace est jugée faible, en raison de la nature simulée de cette tâche, ce qui entraîne peu d’anxiété. Cependant, comparez cette même situation lorsqu’elle se produit lors de la première affectation réelle (après la formation).
La probabilité d’empêcher un accident reste bonne, mais cette fois, les enjeux sont beaucoup plus élevés. Si une erreur se produit, et que les avions entrent en collision, des centaines de personnes mourront, ce qui augmente considérablement la gravité du résultat, et la menace perçue subséquente du danger.
Réaliser que vous avez la capacité de parler directement à chacun des pilotes dans le but de modifier leurs itinéraires, augmente vos ressources d’adaptation perçues, et diminue donc le degré de menace perçue.
Ainsi, plus on prend le temps de recueillir des informations supplémentaires et de réévaluer la situation, les probabilités de menace diminuent, et l’estimation de sa capacité à faire face efficacement au danger potentiel augmente.
2. Faire tanguer le bateau (pour le trouble panique)
Les personnes souffrant de trouble panique interprètent fréquemment à tort des sensations physiques inoffensives (accélération du rythme cardiaque, vertiges, etc.) comme le signe d’une catastrophe physique imminente (la mort).
Une fois que ces personnes apprennent à gérer efficacement cet état, elles ont tendance à interrompre prématurément la thérapie ; expliquant qu’elles ne veulent pas « faire tanguer le bateau ».
Ce que la personne veut dire, c’est qu’après avoir diminué de manière significative la fréquence de ses attaques de panique, elle reste hésitante à l’idée que la poursuite de séances plus difficiles pourrait entraîner la perte des gains réalisés à ce jour. Avant la thérapie, le patient avait l’impression qu’en faisant tanguer le bateau, il se noierait dans une mer d’anxiété.
Cependant, en restant dans le bateau, on n’apprend rien sur l’eau (sa profondeur, sa température, etc.). Le moment est venu de faire tanguer le bateau et d’être jeté à l’eau.
Sans cela, la personne n’aura jamais la chance de marcher vers le rivage, de reprendre sa vie et de profiter des avantages de ne plus être coincé dans un bateau de panique.
3. Métaphore de l’assurance (pour les TOC)
Changer ses schémas de pensée et de comportement implique un risque. Les personnes souffrant de trouble obsessionnel-compulsif, ainsi que d’autres troubles anxieux, n’aiment PAS prendre de risques.
A la suite d’une pensée ou d’une image obsessionnelle effrayante, il existe un fort besoin d’accomplir un rituel spécifique dans le but de prévenir le danger associé à l’obsession (mort d’un être cher).
Ne pas accomplir le rituel est interprété comme un risque trop grand à prendre. La métaphore de l’assurance permet de rappeler au patient que sa police d’assurance habitation est conçue pour faire face aux risques ; mais pas à tous les risques.
On dit alors à la personne que le thérapeute lui proposera une police qui couvrira TOUS les risques, mais que la prime s’élève à un million de dollars ! En raison du coût, le patient refuse d’acheter la police.
Comme c’est le cas pour les TOC, des rituels sont effectués pour diminuer les risques. Malheureusement, le TOC a un prix énorme – le coût du temps passé à s’engager dans les rituels (parfois jusqu’à 7 heures/jour), les sentiments d’épuisement, le sentiment d’être pris en otage, l’impact sur les relations et le bonheur, etc.
Les coûts continuent d’augmenter quotidiennement, sans jamais vraiment diminuer les risques, quelle que soit leur importance.
Barry C. Barmann, Ph.D., est un psychologue clinicien agréé au Nevada et en Californie. Son épouse, Mary B. Barmann, MFT, est une thérapeute conjugale et familiale agréée en Californie. Visitez anxietytreatmentinclinevillage.com pour en savoir plus.