Lorsqu’un iceberg se détache d’un glacier, il peut dériver sur des milliers de kilomètres, voyageant librement en plein océan. Mais la semaine dernière, le voyage d’un iceberg a été interrompu lorsqu’il est resté coincé sur une partie peu profonde du plancher océanique le long de la côte ouest du Groenland.
En d’autres termes, l’iceberg était échoué – et il s’était logé juste à côté du petit village insulaire d’Innaarsuit. Ces icebergs échoués sont en fait assez courants, explique Fiamma Straneo, qui s’est rendue une vingtaine de fois sur la calotte glaciaire du Groenland pour son travail à la Scripps Institution of Oceanography de l’UC San Diego1. Ce qui est unique à propos de l’iceberg près d’Innaarsuit, qui compte moins de 200 habitants, c’est à la fois sa taille et sa proximité avec le village.
Un iceberg échoué subit la poussée de l’eau de l’océan dans une direction et celle du plancher océanique dans une autre – un tiraillement qui fait qu’il est facile pour les membres de se briser avec un éclaboussement qui peut secouer les bateaux ou inonder les côtes. L’iceberg peut même faire un saut périlleux dans l’eau. Dans le monde entier, de l’Arctique canadien à la Patagonie argentine, ce détachement est à la fois une attraction touristique et un sujet de préoccupation. Plus l’iceberg est grand, plus les vagues qu’il provoque s’il se brise sont importantes – et l’iceberg Innaarsuit s’élève à environ 300 pieds au-dessus de l’eau, selon un météorologue danois cité par le radiodiffuseur danois DR. On pense que l’iceberg qui a coulé le Titanic ne s’élevait qu’à 50 ou 100 pieds au-dessus de l’eau.
Ce qui se passe avec un iceberg échoué relève presque de la chance, dit Margaret Lindeman, une doctorante qui étudie également la calotte glaciaire du Groenland par le biais de Scripps. Il se peut qu’un petit morceau de glace se détache de l’iceberg, qu’un petit morceau se détache du fond, permettant à l’iceberg de se soulever du plancher océanique et de dériver. Ou peut-être que tout le canyon de glace implosera, provoquant le genre d’inondation que craignent les villageois d’Innaarsuit. Des dizaines d’entre eux ont évacué vendredi leurs maisons situées en contrebas.
La côte occidentale rocheuse et escarpée du Groenland a souvent droit à une procession d’icebergs dérivant dans l’eau, dont le nombre a augmenté depuis les années 1990, probablement en raison du réchauffement des océans. De nombreux villages sont perchés sur des zones plus plates, au sommet de falaises, hors de la zone inondable, mais on trouve encore des bateaux de pêche, des marinas et des stations-service au bord de l’eau. Toutes ces infrastructures sont endommagées de temps en temps par les icebergs échoués, dit Straneo, même si le village lui-même n’a pas besoin d’être évacué.
Les icebergs qui se désintègrent posent également un problème aux scientifiques. Lorsque Straneo et Lindeman recueillent des mesures océaniques depuis leur bateau, ils ne s’approchent jamais trop près de l’iceberg. Le risque est trop grand qu’un morceau se détache et écrase le bateau, ou que l’iceberg chavire. Alors à la place, ils envoient un robot télécommandé ressemblant à un kayak jaune vif dans l’eau glacée pour recueillir des données sur la température et la salinité.
Pour d’autres, les éclaboussures de l’iceberg sont un spectacle. Illulisat est un village et un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, plus au sud d’Innaarsuit, sur la côte ouest du Groenland. À proximité, une falaise de glace déverse régulièrement des morceaux dans l’eau, générant des vagues spectaculaires que les bateaux de touristes viennent voir. C’est le travail du capitaine du bateau de chronométrer soigneusement la sortie des touristes sur le rivage. Malgré cela, il arrive qu’un morceau d’iceberg se détache au moment où ils débarquent, et les passagers se font arroser en se précipitant hors du bateau.
De retour à Innaarsuit, le diffuseur danois DR a rapporté que l’iceberg a été emporté par les vents à quelques centaines de mètres de l’île pendant le week-end ; aujourd’hui, certains évacués ont reçu le feu vert pour rentrer chez eux. Aujourd’hui, certains évacués ont reçu le feu vert pour rentrer chez eux. Mais les maisons et les rues situées à moins de 10 mètres de la côte sont toujours interdites d’accès, de même qu’un magasin de proximité, une usine de poissons et une centrale électrique. Alors que les villageois d’Innaarsuit se réinstallent, ils garderont un œil attentif sur la prochaine grande migration de l’iceberg.
1Correction ajoutée, 7/18/18, 2:25 PM EDT : Une version précédente de cette histoire a mal identifié l’institution d’origine de Fiamma Straneo comme étant le Scripps Institute.
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