Mazarin, Jules (Giulio Mazarini ; 1602-1661)

MAZARIN, JULES

Cardinal, premier ministre de France (1643-61) qui poursuivit l’œuvre de richelieu et prépara le règne de louis xiv ; né à Pescina, dans les Apennins Abruzzes, le 14 juillet 1602 ; mort à Paris, le 9 mars 1661. Son père, Pietro Mazzarini, vint de Palerme à Rome et entra au service de la famille Colonna. Giulio (Jules) entra au Collège romain vers l’âge de sept ans et, après ses études, accompagna le cardinal Colonna en Espagne pendant trois ans. À son retour, il commence sa carrière dans l’armée des États pontificaux. En 1627, en tant que capitaine, il effectue plusieurs missions diplomatiques auprès d’États ayant un intérêt dans la succession de Mantoue, et c’est à cette époque qu’il visite pour la première fois la France, où il rencontre Richelieu (1630). Il acquiert la célébrité en octobre 1630 en obtenant une trêve entre les troupes espagnoles et françaises prêtes à se battre pour la forteresse de Casale. Son action lors du traité de Cherasco en 1631 permet à la France de conserver Pignerol.

Montée en puissance. En 1632, il quitte l’armée pour le clergé, devient chanoine du Latran, auditeur du légat d’Avignon (puis vice-légat), et est nonce extraordinaire en France (1634-36). Il gagne la confiance de Richelieu, qui demande à Urbain VIII de le nommer nonce ordinaire à Paris. Devant le refus d’Urbain, Richelieu fait nommer Mazarin par le roi pour le chapeau de cardinal réservé à la France lors du prochain consistoire. Après trois ans, Urbain cède et Mazarin devient cardinal au consistoire du 16 décembre 1641. Il était alors en France, et Richelieu voulait l’envoyer à Rome pour s’occuper des intérêts français, mais Richelieu mourut, et louis xiii le nomma au conseil royal. Lorsque Louis meurt trois mois plus tard, la régente, Anne d’Autriche, fait de Mazarin son premier ministre. La France est alors au cœur d’une guerre contre l’empire et l’Espagne. Les victoires de Rocroy, Fribourg et Nordlingen permettent à Mazarin, après de difficiles négociations, d’imposer à l’empereur les traités de Westphalie, qui donnent à la France le contrôle de l’Alsace et des têtes de pont sur le Rhin, et aux princes allemands une autonomie politique et religieuse. Mais l’Espagne continue la guerre, comptant sur l’épuisement de la France et le mécontentement provoqué par les impôts.

Opposition de la Fronde. Des troubles éclatèrent effectivement en Fronde en 1648 et faillirent ruiner Mazarin à plusieurs reprises. Lorsque le Parlement de Paris proteste contre les lois fiscales en 1648, le régent arrête un conseiller particulièrement violent, Broussel. Des barricades sont alors érigées dans Paris, et Mazarin doit céder, promettant de supprimer les intendants et les lettres de cachet. Début janvier 1649, la cour quitte secrètement Paris, car le Parlement et l’archevêque coadjuteur, Paul de Gondi, lèvent des troupes contre le roi, et Mazarin est déclaré perturbateur de la paix. L’armée du roi assiège Paris, mais la paix n’est rétablie que lorsque Mazarin s’allie aux princes royaux, Condé et le frère et le beau-frère du roi. Mais lorsqu’ils cherchent à imposer leur autorité au conseil royal, Mazarin s’allie au Parlement et les fait arrêter. Une nouvelle Fronde éclate alors. Les provinces se rebellent et les troupes des princes affrontent celles du roi. Le Parlement se retourne finalement contre Mazarin, qui doit se réfugier dans l’empire, sa tête étant mise à prix (1651). La reine et ses ministres continuèrent à recevoir de l’étranger les conseils de Mazarin. La cour quitte à nouveau Paris, et les troupes rétablissent l’ordre dans les provinces. Mazarin rejoignit la cour mais sortit une seconde fois pour permettre au roi d’entrer dans Paris, le 21 octobre 1652. L’irréductible Frondeur Cardinal de retz (Paul de Gondi, coadjuteur de Paris) est arrêté le 19 décembre sur ordre du jeune roi, et le 3 février Mazarin revient dans la capitale. Les anciens Frondeurs se soumettent ou partent à l’étranger, comme Condé, qui passe au service de l’Espagne.

La guerre d’Espagne. Mazarin doit alors terminer la guerre contre l’Espagne. Il obtient une alliance avec Cromwell, et la victoire de Turenne sur Condé aux Dunes (14 juin 1657) accélère la fin de la guerre. Mazarin persuade le roi de renoncer à son amour pour Maria Mancini, la nièce du cardinal, en faveur d’un mariage espagnol pour sceller la paix. Le traité des Pyrénées, signé le 7 novembre 1659, donne à la France l’Artois et le Roussillon, que Richelieu avait déjà occupés. Louis XIV épouse l’infante Marie-Thérèse le 9 juin 1660. A toutes fins utiles, l’Autriche avait perdu sa prépondérance en Europe au profit de la France, et la noblesse et les parlements français cédaient la place à une monarchie absolue.

En tant que ministre italien d’un régent espagnol, Mazarin mena à bien l’œuvre de Richelieu. Il savait s’adapter et était plus à même de susciter de grands espoirs que d’inspirer la crainte. Outre sa confiance en son propre destin, sa grande force est de pouvoir toujours compter sur le soutien de la reine, qui lui est si proche que des rumeurs font état d’un mariage secret entre eux. Cette hypothèse n’avait aucun fondement, pas plus que les attaques en pamphlets (Mazarinades) contre la vie privée du cardinal.

Relations avec Rome. Mazarin, cardinal diacre, n’a jamais reçu les ordres sacrés. Le roi le fait évêque de Metz, mais il démissionne du siège avant d’être consacré. Ses relations avec Rome ne sont pas harmonieuses. Innocent X est élu contre ses instructions explicites, et il ne peut dissimuler son irritation. Il soutient ses anciens protecteurs, les deux cardinaux Barberini, contre le pape. Il ne voulait pas que le cardinal de Retz, devenu archevêque de Paris alors qu’il était emprisonné à Vincennes, gouverne son diocèse. Il reproche à Innocent X et Alexandre VII leur sympathie pour l’Espagne et les tient à l’écart des négociations pour les traités de Westphalie et des Pyrénées. Néanmoins, dans la querelle janséniste, il préside les assemblées d’évêques qui reçoivent la bulle condamnant les cinq propositions de l’augustinus, et il encourage l’assemblée du clergé de 1660 à exiger du clergé qu’il signe sa formule (voir assemblées du clergé français). Pendant son ministère, le Conseil de conscience fut institué pour assurer de bonnes nominations épiscopales, et Vincent de Paul y fut un temps appelé. Mazarin obtint la dissolution de la compagnie du saint-sacrement, qui jurait une lutte secrète contre les libertins et les hérétiques. Les protestants ne purent que louer son règne, dépendant comme il le fit des princes protestants d’Allemagne et plus tard de Cromwell.

La Bibliothèque Mazarin. Louis XIV, dont Mazarin supervisa l’éducation politique, le laissa gouverner jusqu’à sa mort. L’immense fortune qu’il amasse et les précieuses collections qu’il a soigneusement constituées sont partagées entre ses proches. Mais la Bibliothèque Mazarin et la Bibliothèque Nationale conservent de nombreux ouvrages précieux qu’il a acquis et mis à la disposition des savants en les léguant au Collège des Quatre Nations qu’il avait fondé. C’est dans la Bibliothèque Mazarin que fut trouvée la fameuse Bible latine de 42 lignes. Ce folio de 1282 pages en deux colonnes de 42 lignes est connu sous le nom de Bible Mazarin. Son impression, d’abord attribuée à Johann Gutenberg (mort vers 1468), fut plus vraisemblablement réalisée par son associé Johann Fust et son gendre Peter Schöffer, qui poursuivirent l’imprimerie de Gutenberg à Mayence

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