Gestion de l’environnement en Inde

Overview

La croissance économique de l’Inde au cours des dernières années a fait naître la perspective d’éliminer une grande pauvreté en une génération. Mais cette croissance a été assombrie par la dégradation de l’environnement physique et la raréfaction des ressources naturelles qui sont essentielles pour soutenir la poursuite de la croissance et éliminer la pauvreté. Ce n’est pas une coïncidence si les régions les plus pauvres du pays sont aussi les plus touchées par les problèmes environnementaux, avec des sols érodés, des cours d’eau pollués et des forêts dégradées. Simultanément, la croissance rapide a suscité une plus grande prise de conscience du public et une demande sans précédent de gestion rationnelle des ressources naturelles, notamment de l’air, de l’eau, des forêts et de la biodiversité. La durabilité environnementale apparaît rapidement comme le prochain grand défi de développement et de politique pour le pays, et sera au cœur du 12e plan quinquennal qui est actuellement en préparation.

Les défis

Pollution : La contamination de l’eau, de la terre et de l’air associée à la croissance augmente de façon exponentielle. Les investissements rapides dans le secteur manufacturier, qui comprend 17 industries très polluantes figurant sur la « liste rouge » du Conseil central de contrôle de la pollution, ont alimenté cette croissance. La part des secteurs les plus polluants dans les exportations de l’Inde a augmenté de manière spectaculaire au cours de la dernière décennie, ce qui laisse penser que l’Inde pourrait devenir un exportateur net de produits à forte intensité de pollution. Ces tendances indiquent la nécessité d’investir davantage dans la gestion de l’environnement.

Ressources naturelles, écosystèmes et biodiversité : Dans les zones rurales, la pauvreté s’est mêlée à la dégradation des ressources – sols pauvres, aquifères épuisés et forêts dégradées. Pour subsister, les pauvres sont contraints d’exploiter et de surexploiter ces ressources limitées, créant ainsi une spirale descendante d’appauvrissement et de dégradation de l’environnement. Une pression croissante s’exerce pour mieux protéger les poches de méga-biodiversité de l’Inde, dont on reconnaît de plus en plus l’immense importance pour la biodiversité mondiale, mais qui sont de plus en plus menacées. Un investissement plus important dans la protection de ces actifs naturels produirait un double dividende de réduction de la pauvreté et d’amélioration de la durabilité de la croissance.
Gestion des zones côtières : La zone côtière de l’Inde est dotée d’écosystèmes fragiles, notamment des mangroves, des récifs coralliens, des estuaires, des lagunes et une faune marine et terrestre unique, qui contribuent de manière significative à l’économie nationale. Des activités économiques telles que l’industrialisation urbaine rapide, le transport maritime, la pêche maritime, le tourisme, l’exploitation minière des côtes et des fonds marins, la production de pétrole et de gaz naturel en mer, l’aquaculture et la création récente de zones économiques spéciales ont conduit à une exploitation importante de ces ressources.Outre la contribution de l’augmentation de l’activité économique, le développement et les moyens de subsistance côtiers sont soumis à des pressions en raison d’une incidence plus élevée de phénomènes météorologiques violents, qui ont le potentiel d’infliger des dommages irréversibles aux vies et aux biens, pour les communautés qui sont traditionnellement pauvres et vulnérables aux chocs économiques.

Gouvernance environnementale : Le rythme des investissements dans les infrastructures, qui pourraient atteindre 500 milliards de dollars dans le 12e plan quinquennal, exige des systèmes de décision intégrés et coordonnés. Cela est rendu particulièrement difficile par des politiques fragmentées et de multiples cadres institutionnels juridiques et de planification économique, avec des objectifs et des approches souvent contradictoires.
Santé environnementale : Les impacts sanitaires de la pollution sont comparables à ceux causés par la malnutrition et ont un impact significatif sur la productivité, la santé et la qualité de vie. Les problèmes de santé environnementale sont en grande partie causés par les risques liés à la pauvreté, associés à un mauvais accès aux services de base, tels que l’eau potable et l’assainissement, et à une mauvaise qualité de l’air intérieur. La contamination des eaux de surface et la propagation des agents pathogènes sont favorisées par l’altération des bassins versants qui a accompagné l’urbanisation rapide et l’agriculture intensive. Malgré des améliorations significatives dans l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural au cours des dernières décennies, les maladies liées à l’eau sont encore responsables d’un grand nombre de décès d’enfants évitables chaque année.

Changement climatique : L’Inde est très vulnérable au changement climatique en raison de la combinaison de : (i) des niveaux élevés de pauvreté, (ii) de la densité de population, (iii) de la forte dépendance aux ressources naturelles, et (iv) d’un environnement déjà sous tension (par exemple les ressources en eau). D’ici le milieu du siècle, la température annuelle moyenne en Inde devrait augmenter de 1,1 à 2,3 ºC selon le scénario de changement climatique modéré du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (A1B), avec une détérioration prévue des conditions agroclimatiques. Dans la partie supérieure de cette fourchette, la perte pour le PIB indien serait plus importante que la moyenne mondiale, et pourrait être proche de 5 %. Simultanément, il est probable qu’il y ait une plus grande variabilité des précipitations, entraînant un risque plus élevé de fréquence et de gravité accrues des sécheresses, des inondations et des cyclones.

Reflétant la taille de son économie et de sa population, l’Inde est classée comme le sixième émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. Cependant, selon la plupart des mesures, l’Inde serait classée comme une économie à faible émission de carbone. Elle a : (i) une faible intensité d’émissions par unité de PIB (au même niveau que la moyenne mondiale) ; (ii) des émissions par habitant qui sont parmi les plus faibles au monde (environ 10 % de la moyenne des pays développés) et (iii) une couverture forestière qui s’est stabilisée. Cependant, les émissions de l’Inde sont appelées à augmenter considérablement en raison de sa croissance économique soutenue.

Priorités du gouvernement

L’Inde a fait un effort substantiel pour tenter de relever les défis environnementaux. Elle a promulgué une législation environnementale stricte et a créé des institutions pour surveiller et appliquer la législation. La politique environnementale nationale (NEP) reconnaît la valeur de l’exploitation des forces et des incitations du marché dans le cadre de la boîte à outils réglementaire, et l’Inde est l’un des trois seuls pays au monde à avoir établi un tribunal vert pour traiter exclusivement les litiges environnementaux. En ce qui concerne la gouvernance environnementale, le gouvernement indien envisage de créer l’Autorité nationale d’évaluation et de surveillance (NEAMA) pour réaliser des évaluations environnementales.

Au cours de l’actuel 11e plan quinquennal, le gouvernement a publié des règlements pour promouvoir une approche intégrée et inclusive de la planification des zones côtières et de la gestion rationnelle des déchets dangereux, a publié un certain nombre de politiques essentielles (par exemple, la stratégie révisée de conservation des rivières et le plan national de biodiversité), et a créé un Bureau de contrôle des crimes contre la faune sauvage pour compléter les mesures de conservation existantes pour les espèces en danger, telles que les tigres. En réponse à la menace du changement climatique, le Conseil national du Premier ministre sur le changement climatique a publié le premier plan d’action national complet de l’Inde en juin 2008. Dans la perspective de Copenhague, l’Inde a également proposé volontairement son propre objectif de réduction de l’intensité de carbone de 20 à 25 pour cent d’ici 2020 par rapport à une base de référence de 2005 et a établi un groupe d’experts sur la croissance à faible intensité de carbone pour identifier la meilleure façon de relever ce défi.

Soutien de la Banque mondiale

Répondant à ces pressions, la Banque mondiale a développé une approche à plusieurs volets pour aborder les questions environnementales et atténuer ses risques de prêt :

Un solide programme de produits de connaissances et de prêts : Cette démarche vise à améliorer la base de connaissances pour les solutions environnementales et à piloter un certain nombre de programmes pour relever les principaux défis environnementaux.

Gestion et intégration des risques par le biais d’activités de soutien croisé : Grâce aux politiques de sauvegarde de la Banque mondiale, un mécanisme solide de prise de décision a été développé. Un certain nombre d’outils pour permettre l’intégration de la gestion environnementale dans la conception des projets, et minimiser l’empreinte environnementale des opérations de la Banque ont également été développés.

Les systèmes nationaux et les initiatives de renforcement des capacités aident à renforcer les capacités institutionnelles, et comprennent le pilotage de systèmes nationaux (étatiques) pour la gestion des risques des projets de la Banque mondiale.

Liste des projets actifs

La Banque mondiale a une relation et un portefeuille croissants dans le secteur de l’environnement. Les projets en cours de mise en œuvre sont les suivants.

Projet de gestion intégrée des zones côtières (222 millions de dollars approuvés en juin 2010) pour aider à construire les arrangements institutionnels appropriés, les capacités et les systèmes de connaissances avancées nécessaires pour mettre en œuvre le programme national de gestion intégrée des zones côtières. Il aidera également à piloter cette approche dans trois États côtiers, le Gujarat, l’Orissa et le Bengale occidental, par le biais d’une série de projets pilotes complémentaires dans certaines étendues côtières afin de renforcer les capacités au niveau des États.

Projet de renforcement des capacités pour la gestion de la pollution industrielle (65 millions de dollars approuvés en juin 2010) pour renforcer les capacités humaines et techniques tangibles des agences étatiques de l’Andhra Pradesh et du Bengale occidental pour entreprendre une réhabilitation écologiquement rationnelle des sites pollués et pour soutenir le développement d’un cadre politique, institutionnel et méthodologique pour l’établissement d’un programme national de réhabilitation des sites pollués (NPRPS).

Le projet de l’Autorité nationale du bassin du Gange (1 milliard de dollars approuvé en mai 2011) : renforcer les capacités de ses institutions naissantes au niveau opérationnel, afin qu’elles puissent gérer le programme de nettoyage et de conservation du Gange à long terme ; et mettre en œuvre un ensemble diversifié d’investissements démonstratifs pour réduire les charges de pollution ponctuelles de manière durable, dans des endroits prioritaires du Gange.

Projet de conservation de la biodiversité et des moyens de subsistance en milieu rural (FEM/IDA 23 millions de dollars approuvés en mai 2011) : développer et promouvoir de nouveaux modèles de conservation à l’échelle du paysage par le biais d’un renforcement des capacités et du renforcement institutionnel pour l’intégration des résultats de la conservation de la biodiversité.

Projets pipelines

Prêt pour une politique de développement écologiquement durable dans l’État de Himachal Pradesh : Le prêt proposé pour la politique de développement visera à établir un cadre pour la durabilité environnementale, qui favorisera la participation des secteurs public et privé de l’État à la mission nationale sur l’amélioration de l’efficacité énergétique, à élaborer un cadre politique et institutionnel pour la poursuite du développement de l’hydroélectricité respectueuse de l’environnement, et à permettre le développement durable dans un certain nombre de secteurs clés de l’économie, notamment : le tourisme, l’industrie, et le développement agricole et l’horticulture.

Facilité mondiale pour l’environnement (FEM) : Suite à la récente reconstitution des ressources, il a été demandé à la Banque mondiale de préparer un certain nombre de projets qui seront financés par le FEM, à savoir : La résilience climatique par des approches communautaires dans les zones semi-arides, les points chauds et les améliorations intégrées de la biodiversité, les outils de gestion adaptative dans la gestion durable des terres, et la gestion écologique intégrée de la mer de Lakshadweep.

Recherche

Secteurs énergivores de l’économie indienne : Options pour un développement à faible émission de carbone : L’étude porte sur cinq secteurs de l’économie indienne qui représentaient les trois quarts des émissions de CO2 de l’Inde dues à la consommation d’énergie en 2007 – la production d’électricité, les industries à forte intensité énergétique (comme le fer et l’acier, le ciment, les engrais, le raffinage, la pâte à papier, etc.), le transport routier, les bâtiments commerciaux et les logements résidentiels.
Il présente trois scénarios d’émissions de carbone, décrivant les différentes voies de croissance que l’Inde pourrait suivre de 2007 à 2031 — la fin du quinzième plan quinquennal.

Développement socio-économique durable des Sundarbans : L’objectif de l’assistance technique hors prêt est d’évaluer les mesures qui permettraient de renforcer la résilience du système socio-économique et biophysique et de parvenir à un développement durable à long terme. Les systèmes résilients sont ceux qui ont la capacité de s’adapter lorsqu’ils sont confrontés à des contraintes persistantes, mais la capacité d’adaptation de ceux qui résident dans les Sundarbans a été minée de manière continue. L’élévation historique du niveau de la mer due à l’affaissement du delta, l’intrusion de la salinité, les inondations et la perte de nutriments dans les sols locaux ont tous conspiré au cours du siècle dernier pour faire de cette région l’une des plus dangereuses du sous-continent indien.

Inde 2030 : Vision pour un avenir écologiquement durable : Cette étude traite d’un débat plus large sur les implications de la croissance économique rapide sur la durabilité environnementale et la nécessité de repenser les dispositions institutionnelles actuelles de l’Inde à la lumière de la promotion de la durabilité environnementale à long terme. Les principaux objectifs de l’étude sont d’identifier les défis environnementaux, les opportunités et les contraintes à la croissance qui émergeront en Inde au cours des prochaines décennies et de suggérer des réponses politiques et de développer des stratégies pour harmoniser les objectifs jumeaux de croissance et de durabilité environnementale dans les zones urbaines et les zones de collines écologiquement fragiles.

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