Les progrès récents dans le diagnostic et le traitement des erreurs innées du métabolisme ont amélioré considérablement le pronostic de nombre de ces affections. Il est donc essentiel que le pédiatre praticien soit familier avec la présentation clinique de ces troubles. Cette revue présente une approche clinique pratique de la reconnaissance des erreurs innées du métabolisme chez le jeune enfant. Les indications pour des études de laboratoire spécifiques sont discutées. Des lignes directrices sont fournies pour la stabilisation et le traitement d’urgence des nourrissons gravement malades. Cette approche permettra d’identifier les nourrissons qui bénéficieront d’une évaluation supplémentaire et d’un traitement spécifique. Un grand nombre d’erreurs innées du métabolisme, notamment les anomalies du cycle de l’urée, les acidémies organiques et certains troubles du métabolisme des acides aminés, se manifestent chez le jeune nourrisson par des symptômes d’encéphalopathie métabolique aiguë ou chronique. Les symptômes typiques sont la léthargie, une mauvaise alimentation, l’apnée ou la tachypnée et des vomissements récurrents. Une acidose métabolique et/ou une hyperammoniémie sont observées dans bon nombre de ces pathologies, mais il existe des exceptions notables, notamment l’hyperglycinémie non cétosique et le déficit en cofacteur molybdène. Par conséquent, des tests de laboratoire appropriés pour les troubles métaboliques doivent être effectués chez tout nourrisson qui présente ces résultats. Bien que la septicémie puisse être le premier élément à prendre en compte chez un nouveau-né présentant ces symptômes, les erreurs innées du métabolisme doivent toujours faire partie du diagnostic différentiel, en particulier chez un enfant né à terme ne présentant aucun facteur de risque spécifique. L’hypoglycémie peut être le résultat prédominant dans un certain nombre d’erreurs innées du métabolisme, y compris les troubles du stockage du glycogène, les défauts de la gluconéogenèse et les défauts d’oxydation des acides gras. Ces derniers troubles, parmi les plus courants, présentent une variabilité clinique marquée et peuvent également se manifester par une mort subite, un épisode de type Reye’s ou une cardiomyopathie. La jaunisse ou d’autres signes de dysfonctionnement hépatique constituent le mode de présentation d’un autre groupe important d’erreurs innées du métabolisme, notamment la galactosémie, la tyrosinémie héréditaire, l’hémochromatose néonatale et un certain nombre d’autres affections. Un sous-ensemble de troubles du stockage lysosomal peut se présenter très tôt avec des traits faciaux grossiers, une organomégalie, voire une anasarque. Des modèles spécifiques de dysmorphie et d’anomalies congénitales caractérisent encore un autre groupe de troubles métaboliques héréditaires, comme le syndrome de Zellweger et le syndrome de Smith-Lemli-Opitz. Chacun de ces complexes de symptômes, ainsi que l’évaluation appropriée des nourrissons affectés, sont abordés plus en détail dans cette revue.