Christophe, Henri 1767-1820

Ancien roi d’Haïti

En bref…

Commandement du Cap

Une longue rivalité avec Pétion

Il s’établit comme roi

La fin du règne

Sources

D’en haut, Haïti apparaît comme une île d’émeraude flottant sur une mer d’aigue-marine. L’histoire de la terre envisagée par cette description éblouissante, cependant, a été remplie de luttes politiques. Au XVIIIe siècle, l’île de Saint-Domingue était la colonie française la plus importante sur le plan économique, produisant plus de sucre que toutes les autres colonies françaises réunies. Les esclaves qui étaient forcés de travailler dans les champs de canne à sucre vivaient une existence plus misérable qu’on ne peut l’imaginer. Une personne qui a entendu l’appel à briser les liens de l’esclavage était un homme nommé Henri Christophe.

Christophe est né le 6 octobre 1767, sur l’île de Grenade. On ne sait pas s’il est né en esclavage ou non, et on ne sait pas grand-chose de sa jeunesse jusqu’à l’âge de dix ans. Selon la légende, lorsque Christophe avait dix ans, son père l’a envoyé en mer comme garçon de cabine. Cette courte aventure le transporta jusqu’à l’île de Saint-Domingue, où il fut employé dans un hôtel du Cap.

En 1779, Christophe rejoignit la flotte de l’amiral d’Estaing au sein d’un régiment de volontaires noirs recrutés pour aider la cause de l’indépendance des États-Unis. L’attaque infructueuse de D’Estaing sur Savannah, en Géorgie, fournit à Christophe son premier aperçu de l’expérience militaire et, semble-t-il, une jambe blessée. Après sa période de service aux États-Unis, Christophe retourne à Saint-Domingue. Il continue à gravir les échelons de l’hôtel et, en dix ans, il est nommé directeur. C’est à cette époque que Christophe épouse Marie-Louise Coidavid.

En 1788, l’Assemblée nationale française accorde le droit de vote universel à tous les contribuables âgés de plus de 25 ans. Les mulâtres réclamèrent des sièges et des votes à l’assemblée provinciale de Saint-Domingue, mais les colons blancs refusèrent, interprétant la déclaration comme signifiant « tous les contribuables blancs ». En 1790, un mulâtre nommé Vincent Ogé a levé un régiment de 300 à 400 hommes pour revendiquer par la force les droits donnés par l’assemblée nationale. Les mulâtres ont gagné la première lutte, en grande partie parce que les dirigeants blancs ne croyaient pas que les mulâtres étaient sérieux dans leurs demandes ; et les blancs ne s’attendaient certainement pas à un combat.

Après la perte surprise de la première escarmouche, les dirigeants blancs ont levé des troupes volontaires pour mettre fin à la rébellion. Christophe aurait servi comme artilleur et dragonnier dans cette force volontaire qui a réprimé les rebelles. Ogé a été traqué et torturé à mort lors d’une exécution publique.

En 1793, lorsque la France a déclaré la guerre à la Grande-Bretagne, qui était

En bref…

Né le 6 octobre 1767 à Grenade ; s’est suicidé le 18 octobre 1820 ; a épousé Marie-Louise Coidavid, 1793 ; enfants : Trois fils et deux filles.

A travaillé diversement comme cuisinier d’hôtel, maître d’hôtel et directeur, Le Cap, Saint-Domingue. A rejoint la lutte pour l’indépendance des États-Unis, 1779 ; a combattu dans la campagne militaire menée par Toussaint L’Ouverture, 1797 ; nommé commandant du Cap, 1799 ; a déclaré l’indépendance de l’État d’Haïti, 1804 ; élu président des territoires du nord d’Haïti, 1807 ; a déclaré Haïti royaume et couronné le roi Henri Ier, 1811 ; a ouvert la campagne militaire contre Alexandre Pétion, dirigeant du sud, 1812 ; a institué la Chambre royale d’instruction publique, 1818.

souvent allié à l’Espagne, la menace pesait sur Saint-Domingue d’un autre côté : les possessions espagnoles des Caraïbes, notamment la Jamaïque et, plus près encore, la colonie espagnole de l’est de l’île. Pendant la lutte contre les Espagnols, Christophe devient capitaine sous les ordres de Toussaint L’Overture. Esclave qui avait appris à lire et à écrire, L’Overture s’était élevé au rang de chef grâce à son éducation. Il a reconnu le talent de Christophe et l’a rapidement promu au rang de major.

Pendant le temps de paix qui a suivi le bannissement des Britanniques, Christophe a été employé dans le régime de L’Overture à divers travaux. Il a aidé à remettre les plantations en production à des niveaux bien plus importants qu’auparavant et à reconstruire les villes les plus importantes pour le commerce et la protection de l’île. La tâche la plus importante de Christophe, cependant, était la formation de troupes noires pour un service futur.

Commandant Le Cap

Christophe était le second de L’Overture et était en charge de la garnison du Cap lorsque le général Charles-Victor-Emmanuel LeClerc est arrivé avec ses forces de France en 1802. Christophe refuse à LeClerc la permission de débarquer sur l’île sans le consentement de L’Overture. Croyant que LeClerc est envoyé par le gouvernement français pour soumettre la population noire à sa condition antérieure de servitude, Christophe et L’Overture refusent à LeClerc l’autorisation de débarquer. LeClerc effectue néanmoins un débarquement à quelques kilomètres de la côte du Cap. Christophe, sachant que les troupes françaises étaient en surnombre et mieux entraînées que les siennes, mit le feu à Le Cap et se retira de la ville avec 2 000 otages blancs.

LeClerc commença une campagne de propagande parmi les troupes noires insurgées, promettant la liberté à tous ceux qui rejoignaient la cause française. L’effort a été efficace, et bientôt Christophe et d’autres leaders noirs se sont retrouvés avec peu de troupes pour se battre. Christophe conclut un accord avec LeClerc qui permet aux hommes noirs d’être libres et aux officiers, y compris Christophe et L’Overture, de conserver leurs titres et leurs grades. Après un certain temps, LeClerc accepte les conditions, mais arrête L’Overture à la première occasion. L’Overture est envoyé en prison en France, où il meurt en 1803.

La réponse de Christophe à la violation de l’accord par LeClerc est de lever de nouvelles troupes pour combattre à nouveau les Français. Christophe et Jean-Jacques Dessalines, qui a succédé à L’Overture comme commandant en chef, ont continué la bataille pour la liberté et ont finalement vaincu les Français. Christophe était le général le plus haut gradé de l’armée de Dessalines, le second commandant de Dessalines lui-même, une position que Christophe a conservée dans le nouveau gouvernement établi après l’expulsion des Français. Mais Christophe voulait être le chef du gouvernement, et il était le choix naturel pour succéder à Dessalines.

Après la mort de Dessalines, les dirigeants mulâtres, dont Alexandre Pétion, décrétèrent une constitution pour la « République » d’Haïti. L’autorité gouvernementale était confiée à 24 membres du sénat ; Christophe était nommé président pour un mandat de quatre ans. Mais Christophe n’est pas satisfait de ce gouvernement et tente un coup d’état qui échoue. Il fait sécession de la République et, le 27 janvier 1807, forme un « État » d’Haïti, qui comprend la zone située au nord de la rivière Montrouis. Christophe s’érige en dictateur du nouvel État. L’ancienne colonie française était maintenant divisée en un territoire nord largement noir, dirigé par Christophe, et un territoire sud largement mulâtre sous le contrôle de Pétion.

Une longue rivalité avec Pétion

Christophe avait un puissant rival en Pétion, qui avait des compétences militaires égales à celles de Christophe. De plus, Pétion avait reçu une éducation, ce qui lui donnait une supériorité sur les généraux noirs sans éducation. Les deux hommes poursuivaient un objectif commun : solidifier le contrôle de tout Haïti avec lui-même comme souverain du royaume.

Pétion a pu lever une grande force contre Christophe. La bataille entre les deux armées fut brutale et âpre et culmina avec la retraite de Pétion vers sa capitale de Port-au-Prince. Les troupes de Christophe n’étaient pas assez fortes pour prendre le contrôle de la ville et détruire totalement le pouvoir de Pétion. Après une tentative de siège, Christophe retourne au Cap pour consolider son contrôle sur la région et instaurer un gouvernement stable. Il commença par former une constitution qui rendait chaque personne dans l’État de Haitifree, abolissait l’esclavage pour toujours, et établissait un conseil d’État avec un premier magistrat servant de chef du gouvernement et de l’armée.

Pendant que Christophe établissait son gouvernement, Pétion était occupé à reconstruire et à préparer ses troupes pour une autre attaque. Il y eut de nombreuses batailles sur une période de plusieurs années. Parfois Christophe sortait victorieux, d’autres fois c’était Pétion. Les hostilités entre Christophe et Pétion ont finalement pris fin après le siège par Christophe de Saint-Nicolas, une grande et importante ville sous le contrôle de Pétion. Bien que les forces de Christophe aient remporté le siège et mis ainsi fin au combat avec Pétion, il était évident qu’aucune des deux parties ne sortirait totalement victorieuse. Bien qu’aucun traité ou autre accord n’ait été conclu, chaque camp a conservé la possession des territoires actuellement sous son contrôle, et chaque chef est retourné à son siège de gouvernement pour travailler sur l’économie.

Il s’est établi comme roi

Avec la longue période de batailles avec Pétion terminée, Christophe a eu le temps de considérer son gouvernement et la façon de faire avancer son autorité. Il voulait qu’Haïti soit comptée parmi les grandes nations du monde – que sa nation noire soit sur un pied d’égalité avec les nations blanches. Sa solution est de se faire roi, assumant ainsi tout le pouvoir et le prestige associés à un tel titre. Il suggère l’idée à ses conseillers qui, après de longues délibérations, conviennent de la nécessité d’établir une royauté et une noblesse haïtiennes. Le décret, publié le 25 mars 1811, établit non seulement la royauté et la noblesse, mais aussi un gouvernement monarchique qui serait choisi par le roi parmi les nobles. Le couronnement d’Henri Ier a eu lieu le 2 juin 1811, avec toute la pompe et l’apparat de tout couronnement européen.

Christophe croyait au travail acharné pour le peuple. En introduisant un programme de travail rémunéré, il a bientôt fait exporter annuellement par son pays 15 millions de livres de sucre, 20 millions de livres de café, 5 millions de livres de cacao et 4 millions de livres de coton. Il a également établi une monnaie stable : la précieuse gourde. Déclarant toutes les gourdes en croissance dans l’État propriété du gouvernement, il les a fait rassembler puis vendre aux paysans pour les produits, qui étaient à leur tour vendus aux Britanniques pour l’or.

Christophe a basé un système d’éducation pour ses sujets sur le système britannique Lancastrian, qui était populaire à l’époque. La propre éducation de Christophe était laborieuse – il n’a appris à écrire son nom qu’après être devenu adulte, et une grande partie de ce qu’il savait était maîtrisée en se faisant lire des livres. Estimant que l’analphabétisme était une faiblesse, le roi voulait mieux pour ses sujets. Il créa six écoles à travers l’état pour l’éducation traditionnelle et une école de commerce pour aider les citoyens dans leur quête d’emploi.

Les défenses militaires et les résidences royales furent construites sous la direction de Christophe. Le plus magnifique de ces palais se trouvait à Sans-Souci. Modelé sur une villa de la Renaissance, la structure présentait une ostentation destinée à augmenter le prestige de Christophe en tant que roi. Mais la construction la plus coûteuse d’Henri Ier fut celle de son ouvrage défensif, la Citadelle. Cette forteresse, qui rappelle la crainte obsessionnelle du roi d’une invasion française, a été construite au sommet d’une montagne pour faire partie d’un système de fortifications destiné à protéger l’ensemble de la population contre les attaques. La Citadelle, qui se dresse comme un monument au règne de Christophe, n’a jamais été utilisée pour la défense contre un envahisseur.

Même avec toutes ces réalisations apparemment positives, Christophe est devenu de plus en plus intolérable au fil du temps et a bientôt échoué en tant que leader. Dans les premières années de son règne, il façonna un gouvernement tempéré et diplomatique, mais ses actions devinrent de plus en plus tyranniques. En outre, il se méfiait de plus en plus de ses officiers et de ses conseillers.

Christophe était également confronté à l’hostilité omniprésente des mulâtres, qui n’appréciaient pas leur statut d’égalité avec les citoyens noirs et le fait qu’un homme noir soit à la tête du pays. On ne sait pas si les mulâtres planifiaient activement une révolte ou s’ils attendaient simplement un moment opportun, mais tel était l’état d’animosité lorsque Christophe a été victime d’une attaque d’apoplexie lors d’un bal organisé par la reine en août 1820.

La fin du règne

Il semblait d’abord que le roi ne pourrait pas se remettre d’une attaque d’apoplexie aussi grave, mais après environ un mois, il était assez bien pour recevoir des rapports sur l’état des affaires nationales. Il fut informé d’une mutinerie de troupes à Saint-Marc, sur la côte ouest, qui se solda par la mort de deux officiers. Christophe ordonna que les chefs de la mutinerie soient immédiatement exécutés et que les autres participants à la mutinerie soient emprisonnés. Les troupes et les officiers estiment que la punition est injuste sans le bénéfice d’une enquête.

Incitées jusqu’à la frénésie, les troupes se dirigent vers le palais de Sans-Souci pour assassiner Henri Ier. Le roi découvre le plan et ordonne à ses gardes de retenir les insurgés à tout prix. Mais lorsque les troupes arrivent, les hommes de Christophe le désertent pour les rebelles. Craignant d’être capturé et de subir une mort torturante, le roi ordonna à ses quelques fidèles restants de partir en sécurité, puis se suicida à l’aide d’un pistolet.

La contribution durable d’Henri Christophe à Haïti fut l’établissement d’une indépendance vis-à-vis du contrôle étranger, à laquelle le pays ne succomberait plus jamais. Son gouvernement et ses programmes économiques – conçus pour faire avancer la cause haïtienne – ont été immédiatement écartés pour un régime moins rigoureux. Bien que Christophe ait réussi à unifier les territoires d’Haïti, le pays restera jusqu’à la fin du XXe siècle une terre de bouleversements politiques.

Sources

Cole, Hubert, Christophe : Roi d’Haïti, Viking Press, 1967.

Easton, William Edgar, Christophe : A Tragedy in Prose, Press Grafton, 1911.

Harvey, W. W., Sketches of Hayti, Frank Cass and Company, 1827.

Moran, Charles, Black Triumverate, Exposition Press, Inc, 1957.

Newcomb, Covelle, Black Fire, Longmans, Green and Company, 1940.

Vandercook, John W., Black Majesty, Harper & Brothers, 1928.

Sara Faulkenberry

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.