Transparence (1998-2004)Edit
Lorenzo Tomatis, directeur du CIRC de 1982 à 1993, aurait été « interdit d’accès au bâtiment » en 2003 après avoir « accusé le CIRC de minimiser les risques des produits chimiques industriels » dans un article de 2002. En 2003, trente scientifiques de la santé publique ont signé une lettre dénonçant les conflits d’intérêts et le manque de transparence. Tomatis a accusé le CIRC de procédures de vote « très irrégulières », alléguant des interférences industrielles, et a demandé que l’agence publie les procédures de vote et les noms en détail pour un examen indépendant.
Le CIRC a rejeté ces critiques, soulignant que seuls 17 des 410 participants aux groupes de travail étaient des consultants de l’industrie et que ces personnes n’ont jamais été présidentes, ni autorisées à voter. La raison pour laquelle les détails des noms des votants n’ont pas été publiés était d’éviter les pressions politiques sur les scientifiques des groupes de travail participants, et de protéger l’intégrité du processus délibératif.
Monographie sur le glyphosate (2015-2018)
Le 20 mars 2015, le CIRC a classé le glyphosate, la substance désherbante la plus utilisée au monde vendue sous la marque Roundup par Monsanto, comme « probablement cancérogène pour l’homme » (groupe 2A).
Par la suite, de nombreuses autorités réglementaires nationales ont procédé à une réévaluation du risque posé par l’exposition au glyphosate. Les régulateurs en Europe (ECHA, EFSA), au Canada, au Japon et en Nouvelle-Zélande ont signalé que le glyphosate était peu susceptible de présenter un risque cancérigène pour l’homme. La Californie a mis le glyphosate sur sa liste de produits chimiques dangereux.
Depuis la publication, le CIRC a affirmé avoir subi des attaques à grande échelle sans précédent sur sa réputation de la part de l’industrie agrochimique.
Réactions de l’industrieEdit
L’American Chemistry Council (ACC), le groupe commercial des entreprises chimiques américaines. chimiques, a déclaré que le CIRC évalue le degré de dangerosité d’une substance en se basant sur le fait que la substance pourrait « causer le cancer chez l’homme dans n’importe quelles circonstances, y compris à des niveaux d’exposition au-delà de ce qui est typique. »
Réactions du Congrès américainEdit
Début 2016, les membres du groupe scientifique qui a examiné le glyphosate en 2015 ont reçu des demandes légales aux États-Unis liées à leur travail. En avril 2016, des responsables internes du CIRC ont dit à ses experts de ne pas publier de documents ou de ne pas se conformer aux demandes juridiques liées à son examen du glyphosate.
À l’automne 2016, le Comité de la Chambre des représentants des États-Unis sur la surveillance et la réforme du gouvernement a tenu une séance d’information pour demander aux responsables des Instituts nationaux de la santé (NIH) de parler des subventions accordées par les NIH au CIRC. La base de données des subventions du NIH a montré qu’il a donné au CIRC plus de 1,2 million de dollars en 2016. Jason Chaffetz (républicain) a demandé au NIH de donner à son comité des détails sur ses normes d’attribution des subventions et de vérification des candidats aux subventions. De plus, le membre du Congrès Robert Aderholt (républicain), président de la sous-commission des crédits agricoles de la Chambre des représentants, a écrit une lettre en juin 2016 au directeur du NIH pour remettre en question le financement du CIRC. Jason Chaffetz, membre républicain du Congrès, a fait valoir que le CIRC est trop enclin à conclure que des substances sont cancérigènes. Cependant, le CIRC répond que les méthodes des groupes de travail sont « largement respectées pour leur rigueur scientifique, leur processus standardisé et transparent et pour leur absence de conflits d’intérêts. » Le directeur du CIRC, Chris Wild, a ajouté que le CIRC ne choisit d’évaluer que les substances pour lesquelles il existe déjà un ensemble de publications scientifiques indiquant qu’il existe un risque cancérogène pour l’homme. Wild a déclaré que parce que le CIRC ne choisit pas les substances au hasard, il a un faible taux de détermination d’une substance comme n’étant pas cancérigène.
Critique de la méthodologie des monographiesModification
Le 26 octobre 2015, un groupe de travail composé de 22 experts de 10 pays a évalué la cancérogénicité de la consommation de viande rouge et de viande transformée et a classé la consommation de viande rouge comme « probablement cancérigène pour l’homme (groupe 2A) », principalement liée au cancer colorectal, et au cancer du pancréas et de la prostate. Elle a également évalué la viande transformée comme « cancérogène pour l’homme (groupe 1) », en raison de « preuves suffisantes chez l’homme que la consommation de viande transformée provoque le cancer colorectal ».
Marcel Kuntz, directeur de recherche français au Centre national de la recherche scientifique, a critiqué cette classification car elle n’évalue pas les risques associés à l’exposition (probabilité de contracter un cancer à partir d’une certaine exposition) : par exemple, la viande rouge est qualifiée de probablement cancérogène, mais la quantité de viande rouge consommée à partir de laquelle elle pourrait devenir dangereuse n’est pas précisée. Ed Yong, un journaliste scientifique britannique, a reproché à l’agence et à son système de catégories « confus » d’induire le public en erreur. Le CIRC a répondu dans un communiqué de presse que leur mission n’était pas d’évaluer la puissance ou d’évaluer les risques, mais seulement de déterminer scientifiquement la force des preuves cancérogènes du glyphosate.
Certains des éléments que le CIRC classe, comme les téléphones portables (groupe 2B) et la viande transformée (groupe 1) ont suscité la controverse. Des controverses ont éclaté à de multiples reprises lorsque le CIRC a classé de nombreux éléments dans la classe 2a (cancérogènes probables) ou 2b (cancérogènes possibles), notamment les signaux des téléphones portables, le glyphosate, la consommation de boissons chaudes et le travail de coiffeur.
Cabinets juridiques spécialisés dans les délits toxiquesModifié
En 2019, le CIRC a été accusé de coopérer avec des « cabinets juridiques spécialisés dans les délits toxiques » qui font des profits en poursuivant des entreprises pour obtenir des compensations pour des problèmes de santé présumés basés sur la classification du CIRC. Le CIRC a été accusé de cacher des conflits d’intérêts impactant quelques experts invités, notamment ceux liés à des flux financiers à grande échelle provenant de cabinets d’avocats américains.