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12-16. Une maladie systémique causée par la formation de complexes immuns peut suivre l’administration de grandes quantités d’antigènes mal catabolisés

Des réactions d’hypersensibilité de type III peuvent survenir avec des antigènes solubles.La pathologie est causée par le dépôt d’agrégats antigène:anticorps ou de complexes immuns à certains sites tissulaires. Les complexes immuns sont générés dans toutes les réponses anticorps mais leur potentiel pathogène est déterminé, en partie, par leur taille et la quantité, l’affinité et l’isotype de l’anticorps correspondant. Les plus grands agrégats fixent le complément et sont facilement éliminés de la circulation par le système phagocytaire mononucléaire. Les petits complexes qui se forment lors d’un excès d’antigène ont cependant tendance à se déposer dans les parois des vaisseaux sanguins.Là, ils peuvent ligaturer les récepteurs Fc sur les leucocytes, entraînant l’activation des leucocytes et des lésions tissulaires.

Une réaction d’hypersensibilité locale de type III peut être déclenchée sur la peau des individus sensibilisés qui possèdent des anticorps IgG contre l’antigène sensibilisant. Lorsque l’antigène est injecté dans la peau, les anticorps IgG circulants qui ont diffusé dans les tissus forment localement des complexes immuns. Les immunocomplexes se lient aux récepteurs Fc des mastocytes et d’autres leucocytes, ce qui crée une réponse inflammatoire locale avec une perméabilité vasculaire accrue. Cette perméabilité vasculaire accrue permet au liquide et aux cellules, en particulier aux leucocytes polymorphonucléaires, de pénétrer dans le site à partir des vaisseaux locaux. Cette réaction est appelée réaction d’Arthus (Fig. 12.19). Les complexes immuns activent également le complément, libérant du C5a, qui contribue à la réaction inflammatoire en fixant les récepteurs C5a sur les leucocytes (voir sections 2-12 et 6-16). Cela entraîne leur activation et leur attraction chimiotactique vers le site de l’inflammation. La réaction d’Arthus est absente chez les souris dépourvues de la chaîne α ouγ du récepteur FcγRIII (CD16) sur les mastocytes, mais reste largement non perturbée chez les souris déficientes en complément, ce qui montre l’importance primordiale du FcγRIII dans le déclenchement des réponses inflammatoires via les complexes immuns.

Figure 12.19. Le dépôt de complexes immuns dans les tissus locaux provoque une réponse inflammatoire locale appelée réaction d'Arthus (réaction d'hypersensibilité de type III).

Figure 12.19

Le dépôt de complexes immuns dans les tissus locaux provoque une réponse inflammatoire locale appelée réaction d’Arthus (réaction d’hypersensibilité de type III). Chez les individus qui ont déjà fabriqué des anticorps IgG contre un antigène,le même antigène injecté (suite…)

Une réaction d’hypersensibilité systémique de type III, connue sous le nom de maladie sérique (Image clinical_small.jpgDrug-Induced Serum Sickness, inCase Studies in Immunology, voir la préface pour plus de détails), peut résulter de l’injection de grandes quantités d’un antigène étranger mal catabolisé. Cette maladie a été nommée ainsi parce qu’elle suivait fréquemment l’administration d’antisérum de cheval thérapeutique. À l’époque préantibiotique, l’antisérum produit par l’immunisation de chevaux était souvent utilisé pour traiter la pneumonie à pneumocoques ; les anticorps anti-pneumocoques spécifiques contenus dans le sérum de cheval aidaient le patient à éliminer l’infection. De la même manière, l’antivenin (sérum de chevaux immunisés avec des venins de serpents) est encore utilisé aujourd’hui comme source d’anticorps neutralisants pour traiter les personnes souffrant de morsures de serpents venimeux.

La maladie sérique survient 7 à 10 jours après l’injection du sérum de cheval, un intervalle qui correspond au temps nécessaire pour monter une réponse immunitaire primaire qui passe des anticorps IgM aux anticorps IgG contre les antigènes étrangers dans le sérum de cheval. Les caractéristiques cliniques de la maladie sérique sont les suivantes : frissons, fièvre, éruption cutanée, arthrite et parfois glomérulonéphrite. L’urticaire est une caractéristique importante de l’éruption, ce qui implique un rôle pour l’histamine dérivée de la dégranulation des mastocytes. Dans ce cas, la dégranulation mastocytaire est déclenchée par la ligature de la surface cellulaire FcγRIII par des complexes immuns contenant des IgG.

L’évolution de la maladie sérique est illustrée dans la Fig. 12.20. Le début de la maladie coïncide avec le développement d’anticorps contre les protéines solubles abondantes du sérum étranger ; ces anticorps forment des complexes immuns avec leurs antigènes dans tout l’organisme. Ces complexes immuns fixent le complément et peuvent se lier à des leucocytes porteurs de récepteurs du Fc et du complément et les activer ; ceux-ci provoquent à leur tour des lésions tissulaires étendues. La formation de complexes immuns entraîne l’élimination de l’antigène étranger et la maladie sérique est généralement une maladie autolimitée. La maladie sérique après une seconde dose d’antigène suit la cinétique de la réponse des anticorps secondaires et le début de la maladie survient généralement en un jour ou deux. La maladie sérique est aujourd’hui observée après l’utilisation de la globuline anti-lymphocytaire, employée comme agent immunosuppresseur chez les greffés, et aussi, rarement, après l’administration de streptokinase, une enzyme bactérienne utilisée comme agent athrombolytique pour traiter les patients ayant subi un infarctus du myocarde ou une crise cardiaque.

Figure 12.20. La maladie sérique est un exemple classique de syndrome transitoire médié par un complexe immunitaire.

Figure 12.20

La maladie sérique est un exemple classique de syndrome transitoire médié par un complexe immunitaire. L’injection d’une ou plusieurs protéines étrangères entraîne une réponse en anticorps. Ces anticorps forment des complexes immuns avec les protéines étrangères en circulation. Les complexes (suite…)

Un type similaire de réponse immunopathologique est observé dans deux autres situations dans lesquelles l’antigène persiste. La première est celle où une réponse adaptative en anticorps ne parvient pas à éliminer un agent infectieux, par exemple dans l’endocardite bactérienne subaiguë ou l’hépatite virale chronique. Dans cette situation, les bactéries ou les virus qui se multiplient génèrent continuellement de nouveaux antigènes en présence d’une réponse anticorps persistante qui ne parvient pas à éliminer l’organisme. Il s’ensuit une maladie à complexes immuns, avec des lésions des petits vaisseaux sanguins dans de nombreux tissus et organes, notamment la peau, les reins et les nerfs. Des complexes immuns se forment également dans les maladies auto-immunescomme le lupus érythémateux disséminé où, parce que l’antigène persiste, le dépôt de complexes immuns se poursuit et une maladie grave peut en résulter (voir section 13-7).

Certains allergènes inhalés provoquent des réponses en anticorps IgG plutôt que IgE, peut-être parce qu’ils sont présents à des niveaux relativement élevés dans l’air inhalé. Lorsqu’une personne est réexposée à des doses élevées de tels antigènes inhalés, des complexes immuns se forment dans la paroi alvéolaire du poumon. Cela conduit à l’accumulation de liquide, de protéines et de cellules dans la paroi alvéolaire, ce qui ralentit l’échange sang-gaz et compromet la fonction pulmonaire. Ce type de réaction se produit dans certaines professions comme l’agriculture, où l’on est exposé de façon répétée à la poussière de foin ou aux spores de moisissure. La maladie qui en résulte est alors appelée poumon du fermier. Si l’exposition aux antigènes est prolongée, les membranes alvéolaires peuvent être endommagées de façon permanente.

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