Apprentissage par imitation

L’apprentissage par imitation a été bien documenté chez les humains ; ils sont souvent utilisés comme groupe de comparaison dans les études sur l’apprentissage par imitation chez les primates. Une étude de Horner et Whiten a comparé les actions de chimpanzés (non enculturés) à des enfants humains et a constaté que les enfants surimitaient les actions au-delà de la nécessité. Dans cette étude, des enfants et des chimpanzés âgés de 3 à 4 ans ont été invités à effectuer une série d’actions pour ouvrir une boîte à puzzle opaque contenant une récompense. Deux des actions étaient nécessaires pour ouvrir la boîte, mais une autre ne l’était pas, sans que les sujets le sachent. Un démonstrateur a effectué les trois actions pour ouvrir la boîte, après quoi les chimpanzés et les enfants ont tenté la tâche. Les enfants et les chimpanzés ont copié les trois comportements et ont reçu la récompense à l’intérieur de la boîte. La phase suivante de l’étude a consisté à utiliser une boîte transparente au lieu de la boîte opaque. Grâce à la transparence de cette boîte, on pouvait clairement voir que l’une des trois actions n’était pas nécessaire pour recevoir la récompense. Les chimpanzés n’ont pas effectué l’action inutile et n’ont effectué que les deux actions nécessaires pour atteindre l’objectif souhaité. Les jeunes enfants ont imité les trois actions, malgré le fait qu’ils auraient pu ignorer sélectivement les actions non pertinentes.

Une explication de ce phénomène est que les humains suivent des conventions. Une étude de Clegg et Legare a testé cela en démontrant une méthode de fabrication d’un collier à de jeunes enfants. Dans les démonstrations, le modèle ajoutait une étape qui n’était pas nécessaire pour atteindre l’objectif final, à savoir terminer le collier. Dans une des démonstrations, le modèle a utilisé un indice linguistique pour informer les enfants que la fabrication du collier est instrumentale, par exemple : « Je vais fabriquer un collier. Regardons ce que je fais. Je vais faire un collier ». Dans une autre démonstration, le modèle a utilisé des indices linguistiques pour laisser entendre qu’ils faisaient le collier selon la convention, par exemple : « Je le fais toujours de cette façon. Tout le monde le fait toujours de cette façon. Regardons ce que je fais. Tout le monde le fait toujours de cette façon ». Dans la condition conventionnelle, les enfants ont copié le modèle avec plus de fidélité, y compris l’étape inutile. Dans la condition instrumentale, ils n’ont pas copié l’étape inutile. L’étude suggère que les enfants discernent quand imiter, en considérant la convention comme une raison importante de copier un comportement afin de se conformer à la convention. Le fait de prendre des repères pour un comportement approprié à partir des actions des autres, plutôt que d’utiliser un jugement indépendant, est appelé un biais de conformité.

Des recherches récentes ont montré que les humains sont également soumis à d’autres biais lorsqu’ils sélectionnent le comportement à imiter. Les humains imitent les individus qu’ils considèrent comme ayant réussi dans le domaine où ils souhaitent également réussir (biais de réussite), ainsi que les individus respectés et prestigieux dont les autres apprennent préférentiellement (biais de prestige). Dans une étude de Chudek et al. un indice attentionnel a été utilisé pour indiquer aux enfants qu’un modèle particulier était prestigieux. Dans une expérience où deux modèles jouaient avec un jouet de différentes manières, le prestige était indiqué par deux observateurs qui regardaient le modèle prestigieux pendant 10 secondes. L’étude a montré que les enfants ont compris l’indice qui signifiait le prestige et ont imité préférentiellement le modèle prestigieux. L’étude suggère que ces biais aident les humains à détecter les indices directs et indirects indiquant qu’un individu possède des connaissances qui méritent d’être apprises.

Ces indices peuvent conduire les humains à imiter des comportements nuisibles. Les suicides par imitation se produisent lorsque la personne qui tente de se suicider copie la méthode d’une tentative de suicide dont elle a entendu parler ou qu’elle a vue dans les médias, avec une augmentation significative des tentatives observées après les suicides de célébrités (voir l’effet Werther). Les suicides peuvent se propager sur les réseaux sociaux comme une épidémie due à de grands groupes de personnes imitant le comportement d’un modèle ou d’un groupe de modèles (voir Blue Whale Challenge).

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