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Si les psychologues pouvaient définir l’amour, ils auraient une grande avance sur tous les poètes, dramaturges et auteurs de chansons qui ont essayé de mettre des mots sur ce sentiment insaisissable. L’amour procure surtout du plaisir, mais comme beaucoup d’entre nous le savent, ce plaisir peut avoir un prix élevé.

Il serait peut-être plus correct de considérer l’amour non pas comme une émotion, mais comme un état ou une situation qui peut produire des émotions tant positives que négatives. Pourtant, cela soulève la question suivante : quelle est la nature de cet état, et pourquoi est-il si important pour notre sentiment de bien-être d’éprouver ces sentiments agréables ?

À la différence des grands écrivains et artistes qui ont été aux prises avec la question de l’amour, les psychologues adoptent une approche plus pragmatique en essayant de le décomposer cliniquement en ses composantes. Selon Sandra Langeslag, psychologue à l’université du Maryland, qui travaille avec ses associés néerlandais Peter Muris et Ingmar Franken, il n’est pas si important de définir l’amour en soi, mais de définir les « symptômes » qui l’accompagnent. Ces symptômes se classent dans les catégories suivantes : comportemental, affectif (émotionnel), cognitif et physique. Notez qu’il s’agit de l’amour « romantique », et non du genre d’amour qui a mijoté, passant d’un amour brûlant à un amour confortablement mijoté, également appelé amour de compagnie. Dans l’amour romantique, la passion est encore forte, tout comme l’intimité.

Selon Langeslag et son équipe, l’amour romantique est un mélange d’engouement et d’attachement. L’engouement est le sentiment enivrant que vous ressentez lorsque vous êtes dans les affres d’un béguin. L’attachement renvoie au désir de se lier à une autre créature, qu’il s’agisse d’un partenaire romantique, d’un animal de compagnie préféré ou de votre parent préféré. Ainsi, Langeslag et ses collègues pensent que l’on peut être très épris et peu attaché à une autre personne, car ces deux qualités sont indépendantes l’une de l’autre.

L’engouement peut s’accompagner de ces forts sentiments de plaisir, comme je l’ai noté précédemment, ou être associé à l’angoisse, l’anxiété, la détresse et la misère. Pour cette raison, Langeslag et son équipe pensent que l’engouement procure des niveaux d’excitation plus élevés que l’attachement. C’est l’engouement qui vous fera passer par des hauts et des bas alors que vous cueillerez les pétales de la marguerite en vous demandant s’il/elle vous aime ou non.

Lorsque votre attachement à votre partenaire est fort, solide et, comme le disent les psychologues, sécurisé, vos émotions resteront plus ou moins égales. En revanche, si votre attachement n’est pas sûr, vous risquez de vous inquiéter constamment de savoir si l’être aimé sera là pour vous (« attachement anxieux ») ou de repousser dédaigneusement les personnes qui vous sont chères (« attachement évitant »).

L’équipe de Langeslag propose que la combinaison parfaite consiste à avoir un niveau élevé d’engouement et d’attachement. C’est peut-être la raison pour laquelle, en examinant les 12 liens qui unissent, la recherche que j’ai examinée sur les mariages à long terme réussis montre que les partenaires qui restent ensemble se soucient toujours de ce que fait leur partenaire et veulent être avec lui. Cependant, comme les hauts et les bas de l’engouement ont tendance à s’aplanir avec le temps, il est plus probable que les personnes qui s’engagent sur le long terme soient des compagnons – très attachés mais seulement modérément (voire pas du tout) engoués.

Avec ceci comme toile de fond, il est temps pour vous de voir comment vos sentiments se mesurent sur les deux dimensions de l’engouement et de l’attachement. Vous saurez, après avoir complété ce test de 20 items, si vous êtes élevé sur l’une, les deux ou aucune des deux en vous basant sur des comparaisons avec les chiffres de l’étude de Langeslag et al.

Notez vous de 1 = pas du tout d’accord à 7 = tout à fait d’accord et répondez en fonction de votre intérêt actuel pour l’amour ou votre partenaire romantique:

1. Je regarde au loin quand je pense à ________.
2. Je sens que je peux compter sur __________.
3. J’ai les genoux qui tremblent quand je suis près de ____________.
4. Je suis prêt à partager mes biens avec ____________.
5. Je me sentirais seul sans ______________.
6. Mes sentiments pour ____________ réduisent mon appétit.
7. Mes pensées pour ____________ m’empêchent de me concentrer sur autre chose.
8. ____________ est celui qu’il me faut.
9. J’ai peur de dire quelque chose de mal quand je parle à ___________.
10. ____________ sait tout de moi.
11. J’espère que mes sentiments pour __________ ne cesseront jamais.
12. J’ai les mains moites quand je suis près de __________.
13. Je me sens émotionnellement connecté à ____________.
14. Je deviens tendu quand je suis près de ____________.
15. ___________ peut me rassurer quand je suis bouleversé.
16. J’ai du mal à dormir parce que je pense à ___________.
17. Je cherche des significations alternatives aux mots de ____________.
18. ____________ est la personne qui peut me rendre le plus heureux.
19. ____________ fait partie de mes projets d’avenir.
20. Je suis timide en présence de _____________.

Maintenant, additionnez vos scores pour chaque série d’items :

Série 1 : items 1, 3, 6, 7, 9, 12, 14, 16, 17, 20

Série 2 : items 2, 4, 5, 8, 10, 11, 13, 15, 18, 19

Avez-vous trouvé quelle série reflète quelle composante de l’amour romantique ? Si votre radar psy est allumé, vous avez conclu que l’ensemble 1 mesure l’engouement et l’ensemble 2 mesure l’attachement.

Maintenant que vous avez totalisé vos scores, voyez comment vous vous comparez aux échantillons de l’étude, qui se composaient de près de 560 adultes allant de la fin de l’adolescence au milieu de la cinquantaine, et environ 2/3 de femmes.

Si votre score d’engouement se situait entre environ 40 et 45, et était approximativement égal à votre score d’attachement, alors vous ressemblez le plus à des personnes qui n’étaient pas encore dans une relation romantique avec l’objet de leur désir. Les scores d’engouement les plus élevés étaient, en fait, les plus élevés parmi l’échantillon américain (45 en moyenne). Les partenaires qui s’étaient mariés, vivaient ensemble ou sortaient ensemble avaient des scores d’engouement compris entre 20 et 30 chez les Néerlandais et légèrement supérieurs chez les Américains. Les personnes en concubinage ou mariées avaient les scores d’attachement les plus élevés, dans les 60 et plus.

Alors maintenant, en regardant vos scores, il est probable que plus longtemps vous avez été impliqué avec votre partenaire, plus votre score d’engouement plongerait au-delà du point médian de l’échelle 1-7, mais votre score d’attachement serait à ou près de 7. Nous pourrions en conclure que plus votre score d’engouement est bas et plus votre attachement est élevé, plus il est probable que le vôtre est un amour qui va durer, un résultat qui étoffe les résultats d’autres études montrant comment le stress, l’insatisfaction et même le niveau d’éducation peuvent contribuer au malheur conjugal.

D’autres résultats de l’étude soutiennent l’idée qu’il est important de faire la distinction entre attachement et engouement. Les personnes en relation depuis plus longtemps étaient moins affectées par l’engouement et plus attachées. Cela s’explique en partie par un autre résultat fascinant : Dans les échantillons américains et néerlandais, les scores élevés d’engouement étaient positivement liés à des sentiments malheureux. A l’inverse, les personnes ayant un score élevé d’attachement ont rapporté des niveaux plus faibles de sentiments malheureux.

Si vous voulez que votre relation soit heureuse et durable, c’est la composante attachement de l’amour qui y parviendra. En sachant comment les chiffres s’additionnent, vous pouvez voir comment vous, et l’être aimé, pouvez enrichir et améliorer les vôtres.